Le départ de chez Corinne a été difficile. Ce chemin m’apporte beaucoup d’émotions. Mais il est temps de repartir. Le chemin est joli en sous-bois, mais parfois il faut jouer les sangliers pour se frayer un chemin. Là météo est menaçante, je cherche une ferme au cas où les orages annoncés soient trop violents afin de pouvoir mettre Honoré à l’abri. Je regarde sur la carte, repère quelques fermes et commence ma recherche. Finalement je trouve ce que je cherchais. Personne. J’entre dans la cour, me place devant une fenêtre ouverte et lance un timide « bonjour, il y a quelqu’un ? » Puis un autre avant d’apercevoir une tête. Je demande s’il peut me proposer un lieu pour bivouaquer. Là réponse fût rude « ha oui mais vous m’avez sorti de ma sieste ». Ha. C’est pas gagné. Après trois secondes, « non mais je plaisante, il faudra vous y habituer ». Je viens de rencontrer Bruno, agriculteur à Augy, et sa fille Noémie. Il me laisse débâter Honoré et m’installer puis m’offre un café. Finalement le bougre est très gentil et nous échangeons beaucoup sur l’agriculture. Sa fille et lui s’absentent quand l’orage arrive. Je suis à l’abri, mais sous la tente c’est quand même impressionnant. Quelques grêlons, mais Honoré ne veut pas du auvent de la grange. Tant pi.

Le lendemain la pluie ne s’arrête pas mais je dois avancer et plier mouillé après un dernier café chez Bruno. Je me dis qu’en m’arrêtant plus tôt ça aura le temps de sécher. En arrivant sur Pouzy, une voiture s’arrête sur l’accotement pour ne pas effrayer Honoré, la route est étroite. Sûrement une cavalière. La conversation s’engage. « Bonjour est-ce que vous connaissez un coin ou je peux bivouaquer ? » La dame réfléchi, appelle son voisin agriculteur. « Arf pas de réseau, c’est un signe, venez chez moi » m’annonce Silvia avec un léger accent Allemand. Elle fait demi-tour et m’attend devant sa jolie maison. Rapidement tout le quartier vient voir qui est ce vagabond qui s’installe chez Silvia avec son âne. Certains me reconnaissent d’après l’article de La Montagne. Son amie Bénédicte vient ensuite partager un café avec nous et l’après-midi passe à toute vitesse. La tente a séchée, mais pas les chaussures malgré les journaux. Je crois qu’elles sont foutue… Honoré est à l’aise et Silvia m’invite à dîner. Encore un beau moment offert par le chemin. Merci.

Le lever de soleil est magnifique dans le saule avec la brume matinale. Mais il y a un peu de bitume avant de rejoindre Pouzy-Mésangy où je dois retrouver ma fille, Claire. Elle m’attend avec les croissant, ça fait du bien. Une jolie surprise du chemin, encore. Merci ma fille. Le chemin continue dans les herbes hautes et humides avec les chaussures trempées. J’ai mal aux pieds. Impossible de trouver un bivouac à Couleuvre. Le camping ne propose qu’un automate qui me demande le type de véhicule. Il n’y a pas l’option âne. Je repars après avoir déchargé les nombreux déchets dans les bennes de collecte proches. Dépité je poursuis mon chemin qui me renvoi un signe positif. Au carrefour un camion me klaxon. C’est Annelou, du centre équestre de Souvigny qui revient de compétition avec son père. Ils se sont trompés de route à Saint Amand et croisent à nouveau mon chemin. Une lueur d’espoir, je poursuis. Après avoir un peu tourné, je fini par être accueilli chez un jeune qui retape une maison pour son locataire éducateur canin. Je suis épuisé. L’accueil est chaleureux mais je décline l’invitation au kebab, trop fatigué.