J’avais fini la journée de reprise par des pistes cyclables, je reprends de même. Je suis interpellé par une mamie qui me propose de l’eau et une madeleine, elle s’appelle Madeleine, justement. Jolie rencontre éphémère. Les chemins sont plus agréables que la ville et le bitume dont j’ai plus que marre. Pour le coup, je rattrape le canal le Nantes à Brest que je vais suivre quelques jours. C’est tout plat et aujourd’hui il y a peu de monde. Le temps est gris, les éclaircies trop rares pour recharger le téléphone. Heureusement je trouve un bivouac près d’une écluse et peux en profiter pour recharger, mais pas complet. Je discute avec le jeune éclusier qui m’explique son métier. La maison d’éclusier est occupée par un restaurant tenu par deux jeunes femmes, Les Cueilleuses. Il semble que leur table est réputée, manque de chance c’est jour de fermeture, je ne pourrais pas goûter leur cuisine. Juste l’odeur du pain qui cuit au feu de bois de bonne heure le lendemain matin et qui parfume ma tente toute proche.
Je reprends la route, enfin le chemin, le long du canal. C’est calme, il n’y a pas grand monde. Le midi je trouve une boulangerie et déjeune à La Chevalerais, il y a des tables au bord du canal. La journée est longue. Je suis sur un chemin de Compostelle et des Miquelots en même temps. Il va à Compostelle pour ceux qui viennent de Bretagne et au Mont Saint Michel dans l’autre sens. C’est le chemin que je voulais suivre à l’origine du projet. Je marche jusqu’à une écluses près de Blain. L’éclusier me propose un pré dans lequel il mettait ses ânes. Je bivouac ici et suis initié au métier d’éclusier. Il m’offre même un livre édité par le Conseil Départemental de Loire-Atlantique dans lequel il figure fièrement devant son écluse. Le lendemain, je repars et fais un détour par Blain surtout pour y acheter de la lessive bio. Je vais au grand Leclerc et demande à une dame de veiller sur Honoré. Habituellement je ne vais pas dans de si grandes surfaces, il y a trop de monde. Je croise peu de monde encore aujourd’hui. Je dois reconnaître qu’il y a peu de déchets sur les bords du canal. Quelques emballages de barres de céréales probablement tombées des poches des joggeurs ou cyclistes. Une seule bouteille de coca en trois jours, un record. Toutefois, en sortant du chemin de halage, les détritus sont de retour. Je croise deux pèlerines qui font Compostelle en plusieurs fois. Ça fait plaisir de rencontrer à nouveau des pèlerins, je n’en avait pas croisé depuis Le petit prince de compostelle Dominique, aux Sables d’Olonne. Les journées sont bien plus courtes, c’est bon pour le repos. Mais les feuilles des arbres commencent à jaunir, certaines à tomber. Le matin la toile de tente est humide de rosée. Je trouve un bivouac au bord du canal, à Saint Omer de Blain. J’ai fait une petite étape, ça suffira. Dans mes contacts wwoofing, j’ai envoyé un message à Aux Ânes etc… chez qui j’espérais faire une pause « bilan » pour Honoré. Mais Charlotte est en vacances. Pourtant elle m’appelle et me propose un bivouac à Guenrouët que j’accepte car je suis convaincu qu’Honoré en a grand besoin. Il s’est fait mal derrière les oreilles en tirant au renard par peur d’un animal sauvage il y a quelques jours, et ça ne se passe pas à cause du licol qui frotte sur l’hématome. Il est donc au paradis des ânes dans cette grande prairie ombragée dans laquelle il peut courir et se rouler à volonté sans licol.
Le vendredi j’en profite pour aller faire un plein sérieux alimentaire à base de salades, tomates et carottes qui font faute à mon alimentation hasardeuse de ces derniers jours. Je retrouve aussi de la lessive car celle prise à Blain est trop lourde et ne convient pas au lavage à la main, malgré les conseils de la vendeuse. Ces courses m’auront pris l’après-midi dû à la circulation qui va retarder le bus. Malgré la totale confiance que j’éprouve envers mon compagnon à grandes oreilles, je ne suis pas 100% serein de le laisser seul dans un parc pourtant grand et appétant, avec de l’eau en quantité et l’ombre protectrice, mais sans électricité sur les fils. Je sais pourtant qu’il respecte les clôtures… et finalement s’est-il rendu du compte de mon absence ? En partant du Leclerc de Pont Château, j’ai senti une violente douleur dans le molet droit. Il est tout dur ce soir, je crains m’être fait une déchirure musculaire. Je masse longuement avec la pommade homéopathique à base d’eucalyptus et d’arnica, en espérant une efficacité rapide. Samedi c’est pause total pour nous deux. Je reçois la correspondante de Ouest France qui me propose de recharger ma batterie. Charlotte rentre de vacances dimanche et passe donc me rencontrer. Le courant passe tout de suite et elle prend même le temps de verifier mes doutes sur les bobos d’Honoré. Lundi je reçois la journaliste de L’Écho De la Presqu’île qui reste un long moment à m’interroger. Et mardi je pars pour l’asinerie et faire du wwoofing.