Hier soir j’ai fais un atelier couture… Une valise commençait sérieusement à se déchirer sur une couture du bas. Je me rends compte que la toile, bien que robuste, avait tendance à moisir à cause de l’humidité lorsque je la pose au sol. Il faudra que je renforce tout ça dès que possible. Le chemin de la journée était superbe, vallonné tout doux, de la forêt, du chemin, du bonheur… et même les premières vignes de champagne le matin. Mais Honoré n’a pas aimé parce que le dimanche, quads, motos et cavaliers sont de sortie, il a eu peur sur une bonne partie du chemin. Mais c’est passé, ouf. L’objectif du jour était d’approcher le plus près possible de Reims pour traverser la grande ville d’une traite. C’est faisable en empruntant le canal. C’est ce que m’a conseillé Stéphane Blaise qui est passé par là avec son âne Marius. Ce soir je dors près d’un pressoir de Champagne. C’est la région et ce n’est que le début.
Au matin la femme du vigneron m’apporte le café chaud, des madeleines et du chocolat. Presque le petit déjeuner au lit ;). Je pars donc de bonne heure comme prévu mais il a encore gelé à -5 cette nuit et malgré le soleil, la température reste fraîche. Le vent augmentant la sensation de froid, j’ai gardé les gants toute la journée. L’objectif de traverser Reims dans la journée est atteint, une bonne vingtaine de kilomètres le long du canal mais dans un environnement plutôt industriel. Le canal est toujours en activité pour charrier notamment le calcaire des nombreuses carrières alentours, les céréales, les betteraves… Par ailleurs, le canal est souvent longé par l’autoroute, qui parfois passe par dessus via d’immenses ponts, comme les voies de chemin de fer et autres routes circulantes qui ne rassurent pas Honoré. Pourtant il a plutôt été sage aujourd’hui et ce soir je peux le récompenser en le laissant libre dans un parc où il peut gambader. Il y a des congénères mais pas très sociables alors ils restent dans leur paddock tandis qu’Honoré galope. J’ai du courant pour recharger, je suis conduit au gymnase pour la douche. Parfait ! Je suis à  Sillery et m’apprête à traverser les plaines de champagne, en espérant que le vent nous oubliera.
Départ ce matin de bonne heure toujours le long du canal, donc plutôt calme et encore industriel en suivant notamment les dépôts de l’usine de sucre Béghin Say. Il faut quitter le canal et commencer les plaines. C’est là que le téléphone sonne, une journaliste de Cheval Magazine veut à nouveau faire un sujet sur notre tour de France pour le numéro de mai prochain. J’en profite pour faire la pause casse-croûte et me diriger ensuite vers Prosnes où je suis accueilli par Francis, le maire du village. Il me conduit à la salle des fêtes, mais le vent du nord est trop fort. Finalement il m’emmène au dépôt municipal derrière lequel il y a un terrain avec suffisamment d’herbe pour Honoré. Quelques curieux viennent me rendre visite et me poser les questions habituelles sur notre périple. Une fois installé, le maire revient vers moi et me propose une douche chaude et dîner avec lui et son épouse Chantal. Encore une soirée très agréable riche en échanges. Le couple est aussi amoureux des animaux, ils ont même créé pour eux un cimetière dont j’avais pris la photo en entrant dans le village, touché par cette attention peu banale. Le repas était délicieux, je repars avec de quoi manger demain midi et soir. Merci Chantal.
Ce matin je suis dans les plaines céréalières de champagne, c’est plat, immense et les agriculteurs traitent contre les charançons, des insectes qui mangent leurs semis. Du coup Honoré ne peut pas brouter sur le bord du chemin, il est chiant, je compatis. Aussi, ce matin on entendait des tirs d’artillerie. Rassurez-vous nous ne sommes pas en Ukraine mais entre les bases militaires de Mourmelon, Moronvilliers et Suippes. Ce soir je suis attendu chez madame Chocardelle, maire de Sainte-Marie-à-Py. C’est son mari qui m’accueille, lui qui a fait Compostelle depuis Le-Puy-en-Velay jusqu’à 150 km de l’arrivée en plusieurs tronçons. Il espère pouvoir terminer son chemin prochainement. La journée a été longue et difficile, la douche fait beaucoup de bien. Les températures nocturnes remontent, -2° cette nuit contre -5° les nuits précédentes.
La tente est vite dégelée ce matin et je repars pour un paysage plus agréable. L’avantage de ces grandes étendues, c’est que les chevreuils ont peu d’abris et qu’il est facile de les voir. Aujourd’hui je suis une ancienne voie de chemin de fer, bordée d’arbres. Le terrain s’incline légèrement, on fait un petit passage dans les Ardennes, puis retour dans la Marne à Gratreuil où je bivouac dans le jardin du maire.
Première nuit sans gelée depuis longtemps, je presse le pas malgré moi, ce soir nous arrivions chez Manon. Difficile encore aujourd’hui pour Honoré que j’empêche de brouter, toujours à cause des traitements agricoles. Et en plus le vent est de la partie, ce qui ne facilite pas la progression. Enfin, on pique-nique près d’un étang puis dernière ligne droite avant la pause, dont je vous reparle très vite, et bien sûr la visite de l’ostéopathe…