Après une nouvelle nuit sous la pluie, on repart avec les ponchos qui tiennent chaud. Honoré n’aime pas le vent qui fait voler ce morceau de plastique bruyant. Et il faut traverser une route à grande circulation. Mais coup de chance, au moment où on arrive, la circulation est moins dense. On rattrape un chemin à moitié cultivé puis un immense champ. Des melons à perte de vue. Dommage que je ne sais pas les choisir. J’apprendrai plus tard qu’il s’agit d’un des plus gros producteur de melons Charentais, de ceux qu’on trouve partout en France. Ensuite se succèdent de nombreux petits villages, le suivant un peu plus grand que le précédent. Plus on approche de La Rochelle, plus c’est urbanisé. Une voiture s’arrête, c’est Jackie et sa petite fille, qui nous a vu sur Facebook et qui me propose son jardin pour bivouaquer. Je passe près de chez elle, l’étape sera courte, ça me va, surtout avec ce temps. J’arrive donc chez Jackie et Jean-François, tous deux retraités de l’aviation, civile pour Jakie, militaire pour Jean-François. Bien installé et de bonne heure, j’ai le temps de faire ma lessive et la sécher malgré le temps incertain. L’après-midi passe vite et le soir je suis invité à dîner. La conversation est intéressante, riche, variée. La soirée passe également très vite à évoquer nos vies respectives. Des gens attachants et généreux. Et déjà il est temps de repartir après un bon café et une tartine. La première moitié de journée se déroule bien, je m’arrête à Le Thou acheter du pain et rencontrer le correspondant de l’hebdomadaire local ; l’Hebdo. Devant l’épicerie, Honoré est l’attraction de la commune et les rencontres succèdent. Je repars pique-niquer, mais on se croirait en Beauce par ici, pas d’arbre, pas d’abri. Bon on se contente d’une haie mais de la route, des passants pensent qu’Honoré est seul dans un champs et alertent l’agriculteur. Fin de la pause… bien que la conversation soit sympathique, je décide de repartir. La pluie s’intensifie, le vent se lève. Jusqu’à maintenant on n’avait pas eu la combinaison des deux. Honoré à peur du vent dans le poncho avec la pluie. Il me tire et m’emmène dans des clôtures électriques que j’arrive à éviter de justesse. Je trouve un abri, retire le poncho et reprend la route. Une autre averse… puis une autre, de plus en plus de vent. Obligé de remettre le poncho, je suis trempé et avec le vent, j’ai froid. On se protége près d’une haie, mais ça suffit à peine. De loin, je pense apercevoir l’océan. Dommage que le temps soit si mauvais, ce doit être la baie d’Yves, près de Châtelaillon-Plage. Je suis déçu, j’esperais que la première vue de l’océan soit plus agréable, avec ce temps, la surprise est gâchée. J’arrive à La Jarrie, à une quinzaine de kilomètres de l’asinerie où je doit arriver le lendemain, je vais bien trouver un bivouac ici. Mais la pluie, le vent et un jeune motard qui a percé son pot d’échappement, provoquent une peur panique chez Honoré. Il se cabre, donne des coups de pieds que j’esquive tout juste. Il part en courant, je tombe mais ne lâche pas la longe, coincéebdans le sac à dos (il est parti sur le côté) une voiture arrive derrière. Il fait demi-tour, m’entraîne… je lâche la longe, la voiture s’arrête… ouf. Le poncho est percé, j’ai mal aux côtes et aux genoux mais rien de grave. Je rattrape Honoré, je l’engueule, j’ai eu peur. On redémarre, une autre voiture arrive et il se remet à courrir. Je comprends que le revêtement de la route avec la pluie et les pneus des voitures fait un bruit inhabituel. Je le met perpendiculaire à la route afin qu’il voit que ce n’est qu’une voiture. Il se calme. Ouf. J’ai hâte de m’arrêter, la journée a été trop longue. J’appelle la mairie pour savoir si je peux bivouaquer sur le stade. On doit me rappeler. Je continue d’avancer et passe devant chez Jean-Louis et Maryse qui me proposent de m’installer chez eux. Ha zut, bon je note l’adresse au cas où. Je me dirige vers le stade, croise des employés communaux, puis le premier adjoint qui m’indique par où passer, il doit me rejoindre et m’ouvrir les vestiaires. Super, une bonne douche. Mais arrivé sur place, le passage est trop étroit, Honoré ne passera pas, même débâté. Et puis la seule chose qu’il y a à manger, c’est du séneçon, toxique pour les ânes. Je rappelle la mairie pour prévenir l’adjoint que je ne peux pas m’installer ici et qu’il ne se déplace pas chercher du foin comme il m’avait proposé. Je fais demi-tour pour rejoindre la maison de Jean-Louis et son épouse. Là aussi j’ai du foin pour Honoré, une douche et suis même invité à dîner, une soupe chaude et un délicieux civet. Encore une belle preuve de l’hospitalité Charentaise. Je suis réconforté et me rend compte qu’avec la journée difficile que j’ai passé, le contact humain est quand même le meilleur remède. Malgré la météo annoncée plus clémente, je démonte sous une ondée et une autre arrivera en chemin. Mais avec l’expérience douloureuse de la veille, les ponchos sont rangés. Je prends mon temps, l’étape s’annonce courte, à peine 12 kilomètres. Honoré est intrigué par le passage d’un train, mais ne bouge pas. Ensuite il faut passer sous la nationale N11 qui est en 2×2 voies. Ce n’est pas un pont, juste un énorme tuyau qui raisonne. Je sers les dents qu’Honoré n’ai pas peur… ça passe. J’arrive rapidement à l’Asinerie des Varennes qui reçoit beaucoup de monde en cette période estivale. Malgré l’emploi du temps chargé, je suis bien accueilli par Clarisse et Antoine. Et avec cette journée hyper chargée, ils prennent du temps pour nous et reçoivent aussi la famille pour les 12 ans de leur fille. Je suis même invité, je suis très touché. Honoré rejoint les autres ânes. Après avoir fait le foufou, il se calme et trouve vite de nouveaux copains. Ça lui fait beaucoup de bien, ça fait plaisir. Demain j’irais à La Rochelle, sans lui qui sera mieux ici.

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