Boris, des ânes de Philémon, a été guide et je profite de son expérience pour découvrir la région. La semaine de repos est bénéfique, le mollet va mieux, même si je ne me sens pas encore capable d’aller faire un jogging, la tendinite me laisse enfin dormir et Honoré semble profiter de ses camarades.
France Bleue Gard est venu nous interviewer au camping et au pré, cette après-midi nous avons rendez-vous au studio de radio 16, une radio locale qui fait pas mal d’audience et je dois rencontrer Stéphane Blaise, ânier qui a fait le tour de France avec son âne Marius et animateur sur la webradio Allô la planète.
Je suis super content d’enfin rencontrer Stéphane et sa compagne Florence elle aussi animatrice à Allô la planète. J’ai l’impression de les connaître depuis longtemps à force de les écouter à la radio ou de les suivre sur les réseaux sociaux et YouTube pour les aventures de Marius. La soirée est riche en échanges d’anecdotes avec les ânes. Stéphane et Florence me rassurent sur la suite de mon aventure car je commence à en apercevoir la fin, bien que ce soit encore abstrait. Merci à Ind et Boris de m’avoir permis de les recevoir chez eux, on a passé une superbe soirée.
Aujourd’hui c’est le départ, la semaine de pause est terminée, mais nous ne partons pas seuls. Gilbert et Boris viennent faire un bout de chemin avec nous accompagnés bien sûr des copains d’Honoré, Bijou et Cadeau. Il faut monter pour sortir de la jolie vallée et nous arrivons au col de Porte, au pied d’un château médiéval où nous déjeunons ensemble. Tout le monde était venu nous dire au revoir à la sortie du camping, mais Honoré n’a pas été insensible au départ de ses congénères au pied du château. À peine avaient-il disparus de l’horizon qu’il les appelait vigoureusement. C’est à ce moment-là que l’émotion de la séparation s’est fait sentir après cette semaine reposante et agréable en bonne compagnie. Mais il faut avancer et nous allons suivre quelques temps la voie Régordane, qui est également un lien entre la voie du Puy-en-Velay et la voie d’Arles que nous apprêtons à rejoindre.
Honoré test un peu comme à chaque redémarrage d’après pause, c’est le jeu, mais là en plus il se retourne et appelle les copains. La journée est volontairement courte de façon à reprendre en douceur les bonnes habitudes. Ce soir on bivouac au Pradel, près de la mairie.
La journée s’annonce belle et ensoleillée, les dénivelés sont beaucoup moins raides aujourd’hui. Les kilomètres défilent le long de paysages toujours aussi chouettes, les rencontres toujours aussi agréables avec les habitants du coin. C’est après la pause pique-nique que ça a commencé à se compliquer. Déjà le fléchage n’est pas très clair, pourtant nous sommes bien sur le GR 700 qui fait partie des voies historiques, notamment pour les pèlerinages. Je m’attendais donc à un meilleur repérage, mais bon la carte est claire, le tracé GPS ne laisse aucun doute, on avance sur un chemin en très mauvais état à cause des pluies mais aussi des motards qui ont contribué à son érosion. Mais c’est en arrivant en bas que ça a vraiment posé problème. Les derniers mètres de la descente sont en fait une piste de moto cross, qui donne accès à une route goudronnée fermée par une barrière incontournable. J’appelle la gendarmerie pour trouver une solution. Impossible de contacter les propriétaires du motocross ou du karting plus bas où pourtant il y avait du monde. Les courses bruyantes effraient Honoré qui est difficile à rassurer. Il faut dire que je ne fais pas le malin non plus car physiquement nous sommes tous les deux trop fatigués pour remonter, d’autant que la piste est en mauvais état, et qu’en plus je n’ai presque plus de réserve d’eau. Le temps perdu à chercher une solution retarde d’autant la recherche du bivouac du soir.
Finalement les gendarmes arrivent sur place et nous sauvent la vie ! Ne pouvant passer par la barrière, l’un d’entre eux fait le tour et découvre que la clôture en contrebas est facilement démontable. Encore faut-il trouver un passage pour y accéder, un autre gendarme découvre un passage abrupte, mais que nous devons tenter et qui finalement s’avère être validé par Honoré. Merci infiniment aux gendarmes du PSIG d’Alès d’être intervenus et de nous avoir aidé.
Coup de gueule toutefois auprès des propriétaires du terrain et de la fédération Française de randonnée ! C’est pas la première fois qu’un GR traverse une voie privée, mais les propriétaires acceptent le passage. Et quand on accepte, on ne barricade pas avec ce genre de barrière ! Sinon on refuse et on contourne. Là, les conséquences auraient pu être dramatiques pour moi comme pour Honoré, s’il avait fallu faire demi-tour sans eau en pleine chaleur.
Après avoir quitté les militaires, il fallait rattraper la route et la piste cyclable pour traverser Alès. Ce n’est pas la partie la plus jolie de la journée, mais de toutes façons, je suis trop fatigué pour profiter du paysage. Je repère une passerelle sur laquelle je pense qu’Honoré pourrait passer, mais il refuse. Le pont plus loin est en travaux et donc fermé à la circulation, il refuse aussi. C’est dommage car en face il y a un centre équestre ou j’espérais pouvoir me présenter pour bivouaquer. Impossible de les joindre au téléphone, ils sont fermés. Au troisième pont, Honoré fini par accepter de passer en suivant un petit train touristique. Mais nous sommes trop loin pour faire le détour vers le centre équestre et trop fatigués pour risquer de devoir rebrousser chemin. Tant pis, je continue sur le trajet que j’avais dessiné en me disant que ces refus d’Honoré sont un signe d’un bivouac bien plus agréable, et il avait raison.
Tout à coup j’entends des voix sortir d’une propriété, c’est Clara une charmante octogénaire qui raccompagne des amis venus lui rendre visite. Spontanément elle m’offre à boire et me demande de quoi j’ai besoin, je crois que j’ai failli pleurer quand elle m’a dit que j’avais trouvé mon bivouac, tellement j’étais à bout de force. Et en plus, elle me propose la douche et improvise un dîner sur le pouce. Ce matin j’ai même droit à des gaufres maison et elle m’en fait même pour la route. Comme quoi il faut toujours écouter le chemin, et l’âne a toujours raison 😉