Ce mot pourrait à lui seul résumer mon périple. Rares sont les moments où je n’ai pas été bien accueilli. Et nombreuses les rencontres qui m’ont apporté du bonheur, à manger, un gîte et même parfois un peu d’argent. Je n’ai pas pris le temps de faire quelques courses alimentaires à Saintes pensant avoir largement ce qu’il me faut. Mais ce qu’il me reste, je le garde pour les repas du soir. Le midi je ne cuisine pas. Je grignotte les derniers fruits secs en attente de trouver une boulangerie. Mais je n’en trouve pas dans les hameaux traversés. En arrivant à Port d’Envaux, je croise une dame et sa fille et lui demande la direction de la boulangerie. Manque de chance, elle est fermée. Elle ne rouvre qu’à 17 heures, ce sera trop tard pour moi, j’espère avoir trouvé un bivouac d’ici là. Je reprends mon chemin en faisant un détour imprévu et suis interpellé par une autre dame près d’un car. La discussion s’engage comme souvent sur notre parcours, d’où on vient, où on va, quel est notre objectif,  combien de kilomètres… et là, la dame croisée plus tôt avec sa fille m’apporte un sandwich, une pomme pour Honoré et un jus de fruit. Quelle générosité ! Mais du coup, quelques passagers du car viennent à leur tour me donner un sandwich et des fruits. Une femme me glisse même un billet. Tous ont été sensible au ramassage des déchets, chacun à sa manière a participé en nous remerciant, en nous offrant quelque chose, en nous encourageant. Et pour le coup, notre action prenait toute sa dimension et l’échange était extraordinaire. Je veux remercier ce groupe multiculturel du Centre Social et Culturel de Bègles (au sud de Bordeau) dont la générosité m’a particulièrement touché. Et aussi les enfants qui ont été très doux avec Honoré, le remerciant à leur manière avec leurs caresses. C’était une belle rencontre, improbable et magique comme seul le chemin peut offrir. Merci. Je me remets en route, mange un des sandwichs offert, partage une pomme avec Honoré tout en marchant. Je regarde la carte, le prochain lieu de bivouac est loin, 18 kilomètres déjà parcourus… et si le billet m’avait été donné pour passer une nuit de repos au camping ? J’appelle le camping « le petit bonheur » à Crazannes, le prochain village. C’est un camping familial, l’accueil de la patronne est chaleureux Honoré est le bienvenu. On arrive. Le patron arrive en même temps que nous, j’explique mon périple… sensible à notre engagement, spontanément, le patron m’offre l’emplacement. Wahou, quelle journée ! Par ailleurs nous sommes dans une région de taille de pierre. Une ancienne carrière accueille aujourd’hui les lapidiales. Les sculpteurs présentent leurs œuvres partout alentours. Il y a aussi un château à Crazannes et qui n’est pas qu’une légende, celui du Chat Botté. Grâce à la générosité des gérants du camping je décide de faire une pause d’une journée. Mes voisins de camping sont sympas, ce sont des habitués qui laissent leur caravane la saison. Pascal m’emmène faire des courses à Saint-Savinien en voiture, au retour on se déguste une bonne bière tandis qu’un autre habitué, local celui-là, lui offre des haricots verts. Il m’en propose, mais je ne pourrais pas les cuire. Le soir Nadine, la femme de Pascal, m’en a fait cuire une assiette. Je la mangerai demain soir en salade, ce soir je m’offre une pizza. Les gérants du camping ne veulent pas que je paie mes nuits, c’est bien normal de diner sur place. Et en plus les pizzas sont super bonnes, et généreuses, comme tout le monde ici. Ça fait du bien de ne pas marcher. Les campeurs défilent auprès d’Honoré, les questions fusent, les gérants du camping ont parlé de nous, l’ambiance est familiale, conviviale. J’espère pouvoir revenir un jour ici, c’était trop court.