Au départ d’Utopia Parc, le sous-bois est joli mais humide. En prenant de l’altitude, je retrouve le brouillard. Je ne perds pas trop de temps car j’ai rendez-vous ce matin à Baud avec la correspondante de l’hebdomadaire local, La Gazette. Honoré fait sensation devant la boulangerie et la place de la mairie, comme toujours. Puis nous reprenons le chemin, enfin la route qui rattrape le chemin. Le bât bouge, la tente est trempée de l’humidité nocturne. Je profite de la pause de midi pour faire sécher, mais ça ne suffira pas. Tant pi on avance. Plus tard on croise un groupe d’une trentaine de randonneurs intrigués par notre parcours. Eux font une « une grande boucle de 20 km autour de Baud ». Je venais de leur dire que c’était ma moyenne quotidienne… et eux ne sont chargés que du pique-nique du midi. Mais je ne compte pas en faire beaucoup aujourd’hui, 15 km suffiront, moins serait encore mieux. Et quand au croisement de chemins je découvre que j’ai au moins 1h30 de marche avant les prochaines habitations, je décide de sortir du GR pour le hameau le plus proche. Et j’ai bien fait, Michel me propose de m’installer dans son jardin. Quelle surprise pour sa femme Émilie, fan d’ânes, quand elle rentrera. Eux aussi sont des voyageurs, mais en camping-car. Ils en ont deux ; un 4×4 avec lequel ils ont traversé l’affrique pratiquement du nord au sud, et un autre comme on en voit partout en France. J’ai droit à la séance photos de leurs périples, parfois en territoire conflictuel et où la traversée n’est pas sans danger. Après la séance, je retourne dans ma tente pour dîner. Au matin, je suis invité au petit déjeuner avant de reprendre le chemin sous le brouillard. La veille en chemin, j’avais trouvé les coordonnées d’une asinerie, ce matin là j’appelle pour demander si je peux venir y faire une pause de quelques jours. Le fils me dit qu’à priori c’est OK mais je dois rappeler le midi pour avoir l’accord du père. Mais pas de réseau, je suis dans la charmante vallée du Blavet et je retrouve la tranquillité du chemin de halage. Sauf qu’il y a une passerelle à l’écluse qu’Honoré refuse de passer, violemment, m’entraînant dans sa course. Obligé donc de prendre la route et de récupérer le contre halage, bitumé. Âne à vendre ! Mais j’ai compris pourquoi, d’abord il y avait un vieux con qui se foutait de sa gueule en tapant du pied sur le pont, en plus un barrage provoquait des remous bruyants qui, probablement, raisonnaient sous le pont. La route est longue et épuisante. Ça fait plus d’une semaine qu’on marche sans jour de repos, et ça se sent. Mais aucun lieu ne présentait un espace et de l’herbe suffisant pour s’y poser. Pas d’autre choix que d’avancer. Fatigué, j’appelle la mairie de Lanvaudan pour y trouver un bivouac. La secrétaire me propose le stade et envoie un technicien m’ouvrir les vestiaires pour avoir de l’eau et prendre une douche. Mais ce soir il y a entraînement et il y a une chicane que même débâté Honoré ne passera pas. Demi-tour et là je tombe sur Claude qui taille sa haie (ils n’ont pas de bouchure par ici  ). Naturellement il me propose son jardin. Il y a peu d’herbe mais pour cette nuit Honoré devra s’en contenter. Je réussi finalement a rappeler l’asinerie De Kergal et Thomas me confirme qu’il est OK pour nous recevoir. Mieux il m’indique le chemin et ho surprise, il n’y a qu’une quinzaine de kilomètres. Super, je peux y être demain soir. En attendant Claude me conduit à la supérette du village et m’invite à dîner avec sa femme Martine. Martine qui ne s’est même pas rendue compte qu’il y a une tente et un âne dans son jardin en rentrant du boulot.  Mais contente de rencontrer Honoré, elle publie sa photo sur Facebook et peu après son fils arrive avec sa compagne et sa fille. L’occasion de partager nos aventures, de parler déchets et de faire une photo souvenir. Le petit-déjeuner se prend tôt, le soleil a du mal à se lever. Même s’il n’y a pas de brouillard, la tente est humide et on m’annonce que ce sera désormais toujours ainsi, tant que je serais en Bretagne. Bon de toutes façons, la météo annonce des orages et de la pluie dès midi. À midi j’ai déjà passé Plouay et fais rapidement la pause déjeuner écourtée par une première averse. Heureusement rapide, je ne perds pas de temps et reprends mon chemin. J’ai hâte d’arriver, je suis fatigué et Honoré aussi je pense. Les paysages sont très vallonnés et la descente vers le moulin du Roch fait mal aux mollets. Et arrivé en bas, je vous le donne en mille (Émile) une belle passerelle. De celles étroites qu’Honoré ne passe pas d’autant qu’il y a du bruit avec les remous de l’eau. Apeuré, il fait demi-tour au galop, m’entraînant avec lui. Ça devient pénible cette phobie de l’eau, et douloureux pour moi parce que là j’ai dû me retenir pour ne pas tomber et j’ai bien senti la piqûre de rappel des hernies discales. La remontée se fait donc dans la douleur et la colère. Et pour finir, 3 kilomètres de route passante et à circulation, avec des jolis virages étroits et avec peu de visibilité. Bref, pas de quoi se sentir en sécurité, mais aggraver le mal de dos avec des contractures. Heureusement on arrive et le repos sera réparateur. Enfin j’espère car le pré où je pose la tente a accueilli des vaches et le sol n’est pas très plat. Je me bat avec ma tente pour la sécher et la monter au plus plat. La douleur devient insupportable. Heureusement Georges, le papa de Thomas, me propose un autre pré plus confortable. Ouf, je monte mon bardas et peut enfin me laver et souffler. Thomas me propose de l’eau chaude et Hélène la maman, me propose un gâteau breton et un cidre maison. Je repars avec un coq au vin que je degusterai dans la tente pendant l’orage, qui a eu la bonne idée d’attendre que j’ai tout fini pour tomber. Je suis donc en pause à https://asinerie-de-kergall.com. Thomas et Claire n’ont pas beaucoup de temps mais Hélène et Georges, les parents de Thomas, me parlent longuement de leur région, leur langue et leurs traditions. Hélène se souvient des brimades de ses camarades lorsqu’elle est entrée à l’école à 6 ans et qu’elle ne parlait que le Breton. Georges me parle de la tradition du cidre que chaque agriculteur produisait grâce à de nombreux pommiers traditionnellement plantés dans les fermes, c’était la boisson principale. Un échange riche et culturel que j’apprécie particulièrement. Hélène me conduit à Lorient où je dois passer à Décathlon pour échanger la chambre de ma tente. Une fermeture à tendance à sauter des dents et la période hivernale arrivant, je préfère prendre mes précautions avant de dormir la fenêtre ouverte. J’en profite pour regarder les duvets, le mien commence à montrer ses limites à cette saison. Après cette pause commerçante, je décide d’aller visiter Lorient. Je prends le bus tout proche qui me conduit dans le centre ville, prends un sandwich et file vers le port. La ville a subit de nombreux dégâts lors des bombardements de la seconde guerre, il ne reste rien à visiter si ce n’est le port de plaisance. Un paquebot de croisière est accosté mais impossible se s’en approcher. Alors il est temps de rentrer. Le bus me dépose à Pont-Scorff où je fais quelques courses pour repartir le lendemain. Mais les caprices de la météo me contraignent à prolonger le séjour. Je me dis que c’est l’occasion de consacrer du temps à Honoré pour lui faire passer cette longue passerelle bruyante. Mais arrivé devant, demi-tour au galop, je le retrouve 200m plus loin. J’appelle Thomas qui me rejoint et qui constate la phobie d’Honoré. Il faudrait peut-être un autre âne mais pas le temps aujourd’hui. Tant pi, ce sera pour une autre fois.