Pour la première fois je suis accueilli chez un particulier sans connaître son prénom. Pourtant bien accueilli, il m’offre des tomates que je mange en vinaigrette avec du thon. Au passage, depuis que je suis en Bretagne je n’ai pas encore été invité à dîner. Après mon repas, une amie de mon hôte du soir qui se présente, c’est Valérie, passe carresser Honoré. Plus tard elle me propose de venir boire un verre avec eux et m’invite boire le café le lendemain, vu que le GR38 passe devant chez elle. Le lendemain donc, je prend mon chemin sans revoir mon hôte et j’arrive devant une passerelle. Je serre les fesses en espérant que mon grandes oreilles ne me trahissent pas. Non, il passe fièrement la passerelle. Je le félicite comme il se doit. C’est le jour de l’ouverture de la chasse, les coups de feu fusent de partout, les chiens courent… il y a du monde dans la campagne. Mais tout se passe bien. J’arrive devant chez la fameuse Valérie… personne. Je fais le tour de la maison qu’elle m’avait indiqué la veille sur la carte. J’avais pris soin d’enregistrer le point pour ne pas oublier. Tant pi, je continue, mais Honoré a laissé sa trace devant la porte. J’arrive alors à Trédion où il y a un Vival, parfait pour faire un appoint, c’est dimanche, demain tout sera fermé. Mais les prix sont exorbitant ; 3 € la brioche que je paie habituellement moins d’1 €. Bon, pas le choix… je vais à la boulangerie, choisi un gros pain aux céréales affiché 1,70 €, la boulangère me le vend 1,90 parce qu’elle l’a coupé. OK je me casse de là. Nous traversons une jolie forêt dont le chemin est en piteux état à cause des pluies, beaucoup de boue et d’ornières pleines d’eau qu’Honoré passe assez bien finalement. À la pause déjeuner, un couple revenant des champignons s’arrête discuter. Ils habitent un ancien moulin tout près de mon chemin. Ils m’invitent à bivouaquer, j’accepte car le mot magique a été prononcé ; douche. Merci Dominique et François pour l’invitation. Seulement si par la route il n’y a que 3 km, par le chemin il y en à prèsque 9. Et le dernier se fait sous la pluie. Une vraie pluie bretonne, pénétrante à souhait. J’installe le campement à la fin de l’averse, mais tout est trempé. Je peux me réchauffer grâce à la douche et Dominique propose de laver mon linge, ce qui m’arrange bien parce qu’avec ce temps, il sera difficile de le faire sécher. Je le tend sous ma tente mais l’humidité ambiante ne permet pas de sécher. Le terrain est en pente et le duvet de treck a tendance à glisser. Je passe donc une partie de ma nuit à faire la chenille pour remonter. Le lendemain matin Dominique et François me proposent le petit déjeuner. François m’accompagne un bout de chemin. Au passage, il était hydro-géologue, il a travaillé 30 ans à analyser les sols et notamment la pollution de l’eau, générée par les déchets, sauvages ou organisés. Forcément, il était particulièrement sensible à ma démarche et m’encourage à persévérer.
Le chemin reprend sous le soleil, mais la température ne remonte pas beaucoup et le vent est frais. Au bout de quelques kilomètres je m’aperçois que j’ai perdu ma pierre du randonneur offerte par Céline et Antoine de D’âmes Nature. Ça me rend un peut triste mais je me dis que je n’en ai plus besoin. Le chemin est ravissant, parfois escarpé et technique mais Honoré s’en sort super bien. Il a même passé un gué devant un Tipi et une cabane d’elfe, la passerelle étant réservée aux créatures de la forêt. La pause sur une butte, permet de finir de sécher le linge étendu sur le bât. Mais je sais que la tente est trempée, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Je dois trouver un bivouac au plus tôt. D’autant qu’on m’a donné des œufs et que l’un d’entre eux s’est cassé dans la sacoche que je vais devoir laver aussitôt installé. Je trouve un spot parfait près d’une chapelle. Les riverains sont absents, j’attend. Et arrive Sandy, à qui je demande rapidement de l’eau. Patrice le compagnon de Sandy rentre du travail et vient offrir quelques pommes à Honoré et m’inviter à dîner. J’accepte avec plaisir l’invitation. Puis d’autres voisins viennent me rencontrer et m’inviter à l’apéro. Ha dommage, je ne vais quand même pas prendre l’apéro chez les uns et dîner chez les autres ! Sandy est libraire pour une grande enseigne et Patrice informaticien à Vannes. Ils viennent d’acheter cette charmante maison près de la chapelle et y trouvent le calme nécessaire à leur épanouissement. Merci pour cette agréable soirée.
Je repars par un chemin, puis la route, un peu trop aujourd’hui, mais bon les paysages sont chouettes. À la pause de midi, j’envoie mon dossier de presse la la presse locale (j’ai pris le journal ce matin). L’après-midi est charmante par ses paysages et l’architecture des maisons, mais il y un ruisseau à traverser. Je me dit qu’il n’y aura pas de problème vu les progrès qu’il a fait. Il y a deux petites passerelles en béton, mais ajourées. Il passe la première après une courte hésitation et s’arrête devant la seconde. C’est la même à peine deux mètres plus loin. Il bloque, renifle, me regarde et tire au renard, me mettant en déséquilibre. Puis il fait demi-tour en courant, me voilà dans la boue. Je suis en colère, il passe le premier et a peur du second, je ne comprend pas sa réaction. Je suis plein de boue, lui aussi car il a couru dans l’eau, ça m’énerve. À ce moment là, je l’aurais bien mis à vendre ce con. Il a passé tellement d’obstacles plus difficiles et plus effrayants. Du coup il est puni de pause broutage. Je suis vraiment vexé, énervé. Concernant les déchets, depuis quelques jours je suis sur la communauté de communes de Vannes Agglomération, ici il y a plus de bennes de collecte et de tri. C’est donc plus facile de se débarrasser des déchets. Sinon au niveau quantité, c’est toujours la même chose, 20 litres de déchets non recyclables et au moins autant de bouteilles, emballages de sandwichs, de bonbons, barres de céréales… et de canettes de bière. Voilà, ça change de sujet, ça me détend. Et et puis faut pas oublier qu’on est là pour ça quand même. Bref, je continue quand même ma marche quotidienne parce qu’il faut trouver un bivouac. Je repère sur la carte un village avec une chapelle et je me dit que ça pourrait le faire. Sauf que le village est trop en pente, impossible de s’installer. Je poursuis la descente et rencontre Maïté et Joël, des retraités qui rénovent une maison. On discute beaucoup autour d’une bonne bière fraîche, puis ils rentrent chez eux, me confiant le jardin. Il fait beau dès le lever de soleil ce qui me permet de plier la tente sèche, ce qui ne m’étais pas arrivé depuis plus d’une semaine. Les paysages sont toujours aussi beaux, Honoré passe une grande passerelle prèsque sans hésiter. Il a gagné sa carotte. Et à la suite un passage abrupte à grimper. Honoré s’arrête, me regarde l’air de dire « t’es sûr qu’il faut monter ce truc ?  » Ben oui pépère, il faut y aller. Dans la forêt de Lanvaux, il y a des petits poèmes et ses dessins sur des ardoises. C’est chouette de trouver ce genre de détail qui ponctue la randonnée. Sinon c’est une journée de forêt, prèsque que de la forêt, avec des côtes à monter, puis à descendre… et toujours pas de bivouac. J’appelle la mairie qui est évidemment fermée cette après-midi. J’avance et rencontre une randonneuse qui me dit qu’un bivouac est possible près du site d’accrobranche. Seulement juste avant il y a une passerelle, la même que dans les marais Charentais et qu’il a refusé de passer au bout de 3 heures de bagarre. Il pose deux pieds, je l’encourage, je me dis que c’est gagné, mais non il recule. Je tente avec la carotte… idem. Ha non ! Là je suis dans un cul-de-sac, c’est juste un gros fossé, il faut qu’il passe. J’insiste, mais non le refus est catégorique. Quelques mètres plus loin, il y à une autre passerelle, mais l’angle avec la lumière du soleil est différent. Je tente et là miracle en moins de 2 minutes, il passe. Ouf ! Festival de carottes, de bisous et de caresses ! Je vais enfin voir le gérant de l’accrobranche Utopia Ecoparc Aventure eco Utopia parc qui est ravi de ma démarche et m’invite à m’installer près de l’étang. L’endroit est magnifique, il y a plein d’animations, une guinguette… chouette lieu à découvrir et accueil sympa. La nuit est humide et fraîche, la rosée est arrivée tôt dans la soirée. Le brouillard ne se lèvera pas avant 9 heures mais je le retrouverai plus tard.