En partant de chez Sonia et Jacques on se prend une belle averse orageuse qui nous oblige à nous réfugier sous un auvent. Heureusement l’averse ne dure pas longtemps et nous pouvons vite reprendre le chemin dans le vignoble alsacien. Le chemin que nous suivons est aussi celui de Compostelle. On navigue entre vignes et châteaux en passant par des petits villages pittoresques.
Après avoir passé la journée à monter et descendre et à subir quelques averses, on arrive à Ribeauvillé. Une magnifique petite ville touristique aux charmes alsaciens. J’avais appelé la mairie pour avoir un bivouac au cas où la météo ne s’arrange pas. La police municipale me dirige vers le camping, fermé à cette saison, mais les policiers m’avaient ouvert la porte pour avoir de l’eau. Touché par notre périple, un des deux agents est revenu dans la soirée m’offrir une bouteille de vin blanc local. La nuit fut ponctuée par de nombreuses averses, mais j’aime autant il pleuve tant qu’on ne marche pas.
Ce matin le soleil est de retour mais rapidement les nuages reviennent en alternance de nuages est d’éclaircies. Quelques gouttes viennent perturber la journée mais le paysage est tellement beau, surtout aux alentours de Riquewihr. Comme il pleut peut, je peux reprendre le ramassage des déchets et heureusement il y a de nombreuses bennes de tri sélectif par ici. Est-ce la proximité avec l’Allemagne ? Pourtant les Teutons n’affichent pas la même rigueur ici que chez eux. Ces villages typiques sont magnifiques et le tourisme est très important. Trop à mon goût, il y a beaucoup de monde et certains doivent penser que je fais une animation dans la commune et m’imposent d’être pris en photo avec leurs enfants… La pauvreté mentale du consommateur… Bref je m’en fout, je visite, enfin non je cherche juste une boulangerie. Il y a des restos, des vignerons, des marchandises pour touristes, mais la boulangerie est au bout d’une ruelle.
Je retourne dans les vignes et Honoré cherche à brouter. Mais comme les céréales de la Marne ou de l’Eure, les vignes reçoivent copieusement des produits qu’il ne vaut mieux pas manger. En ce moment ce sont les désherbants qui sont épandus. Alors je suis en conflit permanent avec mon compagnon qui me fait vivement savoir son mécontentement. Enfin j’arrive à Niedermorschwihr (je ne saurais pas le prononcer) où j’avais demandé à la mairie un endroit pour bivouaquer. La secrétaire de mairie se trouvant bredouille dans ses recherches, attendait le retour d’un élu pour me rappeler. Mais entre temps, je suis arrivé à la mairie. L’attroupement se fait rapidement et Élisabeth, qui est la sœur de la pâtissière juste en face, me propose son terrain. Élisabeth travaille avec sa sœur dans la boulangerie – pâtisserie familiale et m’avait vu passer devant l’échoppe. Le temps de poser le tablier, elle me rejoint dans les vignes où elle me fait visiter son petit paradis, un petit jardin avec des poules au milieu des vignes face à la vallée avec Colmar puis plus loin Fribourg et au fond, la forêt noire (non, pas celle au chocolat que j’adore). Plus tard, elle me ramène quelques victuailles que je ne finirai pas ce soir, j’aurais assez pour demain midi. Je passe une agréable nuit, tout est presque sec et je reprends mon chemin vers le sud.
Je repasse à la boulangerie prendre mon pain et je suis accueilli avec café et pain au chocolat. Merci Élisabeth. Si vous passez par là, je vous assure que les viennoiseries sont parmi les meilleures de la région (www.christineferber.com).
La journée est marquée par les dénivelés, parfois entre 15 et 20%. Ça pique un peu les mollets, il faut aussi recentrer le bât. Mais on arrive au château de Hohlandsbourg à 644 m. Et quand ça monte, ça redescend. Et c’est là qu’Honoré s’amuse. Il se prend pour un cabri et courre en faisant le pitre avec son air de branleur, celui où il « galope » la tête haute en regardant par dessus son épaule l’air de dire « je vais plus vite que toi, vieux bipède ». Regarde donc devant toi, jeune quadrupède, il y a un ravin et ça fait deux fois que tu glisse et une où c’est moi qui t’ai retenu parce que j’étais devant toi pendant que tu faisais le Kéké.
J’essaie de joindre la mairie de Gueberschwhir pour trouver un bivouac. Il y a bien un couvent dans la montagne mais j’arriverai tard et il faut encore remonter, je n’ai plus le courage. Finalement la secrétaire de mairie m’envoie chez Georges Scherb, conseiller municipal et viticulteur bio, qui m’accueille près de sa cave. Il m’offre une bonne douche et me prépare une assiette bien garnie. Merci beaucoup.
La journée commence tôt à la belle lumière de l’Est qui dessine la forêt noire. Georges revient vers moi avec quelques victuailles mais je ne peux pas tout accepter, trop lourd ou trop de volume pour nos sacs et sacoches déjà bien chargés. Je suis quand même touché par le geste généreux. La marche commence par une montée, longue et parfois raide. Je suis sur le chemin de Compostelle dont les signes sont encore discrets face aux nombreuses randonnées proposées par le Club Vosgien. Mais les gens d’ici connaissent et guident spontanément. Toutefois il existe plusieurs variantes, quelques unes plus physiques que les autres. Je choisis un mélange de difficultés et passe par un magnifique chemin de croix. Après la longue montée, la descente vers la ville, puis remontée vers un autre chemin de croix qui débouche sur une splendide clairière autour de la chapelle Sainte Marie. Il y a une source et la clairière semble habituellement squattée par les scouts locaux. L’endroit est en effet propice au bivouac mais il y est interdit sans autorisation et je peux marcher encore. L’endroit est agréable et les rencontres nombreuses, de quoi évoquer le ramassage des déchets et notre périple. Les paysages commencent à changer, les vignes se font plus rare, l’élevage et les céréales deviennent plus fréquents. Il est l’heure de repartir et se mettre à la recherche d’un bivouac pour ce soir. J’appelle la mairie de Guebwiller, tous les responsables sont en réunion, on me rappelera dans l’après-midi. Je profite que le téléphone est allumé (je suis en mode avion pour économiser la batterie) pour consulter mes messages. Sylvain, un anier chez qui je dois faire une pause vendredi, m’a laissé un message proposant un potentiel arrêt chez Christine et Maurice qui ont un centre équestre. Mais je n’ai pas de numéro. La mairie de Guebwiller me rappelle et me propose un terrain, mais il n’y a pas d’eau. Je décline et décide de pousser jusqu’à Jungholtz. Une adjointe de Guebwiller me rappelle et me propose justement d’aller chez Maurice, elle lui téléphone, ce sera là-bas le bivouac du jour. Arrivé au centre équestre, je consulte mes messages et j’en avais un de Pierre qui m’attendait justement dans le village le midi. Oups, désolé je n’avais pas vu le message, pensant que c’était un doublon de Sylvain. Il me rejoint donc chez Maurice et nous prenons l’apéro ensemble. Après une bonne douche nous dînons puis dodo, la journée a été longue et le dénivelé important.
Ce matin Pierre apporte les croissants et après le petit déjeuner je dois aller à la mairie pour une photo souvenir qui servira dans le bulletin municipal. Pierre m’accompagne et m’offre une gourde en cuir à l’effigie des ânes. Joli cadeau. La journée est courte, je suis attendu Aux âneries d’Uffholtz et je vais dormir chez Sylvain et Maryline. Nous sommes accueillis par Sylvain, le patron des lieux, accompagné de Shannon, Gilbert et André, venus à l’asinerie pour une séance de médiation que nous avons quelque peu perturbé. Honoré quand à lui, est accueilli par cinq congénères chez qui il se sent immédiatement comme chez lui. Pierre, éleveur d’ânes de Provence qu’il attelle, et que j’avais déjà rencontré la veille, nous rejoint. Mais nous devons interrompre ce moment agréable, je dois faire ressemeler les talons de mes chaussures, déjà usés. Avec le temps de séchage, il faut que ce soit fait ce soir. J’avais appelé pour expliquer la situation inhabituelle au cordonnier, mais il avait l’air pris de court. Bon, j’espère que le travail sera bien fait quand même.
Les ânes semblent avoir passé une bonne nuit, on va les mettre dans un pré plus garni puis les laissons jouer ensemble. Le midi Sylvain et Pierre ont la gentillesse de m’inviter dans un restaurant qu’ils tenaient à me faire découvrir et près duquel Sylvain y a deux ânes. La montagne est belle mais l’orage gronde. Les visiteurs qui devaient venir rencontrer Honoré l’après-midi, sont restés à l’abri. Les échanges étaient passionnants, comme toujours. Du coup l’après-midi s’est terminée plus tôt que prévu, laissant le temps d’aller voir les ânes de Pierre, bien installés dans la montagne.
Et ce matin, il est temps de repartir, mais avant, on va chercher Gilbert et André à l’Institut pour qu’ils disent au revoir à Honoré. Pierre et Éric, lui aussi membre de l’association et qui était passé la veille, étaient eux aussi présents pour nous saluer. Je ne suis jamais bien doué dans ce genre de situation, à la fois amicale et émouvante et je suis maladroit pour gérer le moment. Mais je suis très touché. Nous partons tous ensemble mais Sylvain, Gilbert et André m’accompagnent un bout de chemin. C’était une sacrée étape ! Encore merci à tous.
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