Les épisodes cévenols semblent être terminés, enfin pour l’instant, il est temps de reprendre la route direction l’Hérault. Un dernier au revoir à la famille d’Édith qui nous a accueilli ces quatre derniers jours. Toujours un peu émouvant de partir, mais c’est notre destin. Les dénivelés sont moins intenses mais les sols toujours rocailleux.
Aujourd’hui c’est dans une garrigue valonnée que nous progressons. Et avant d’arriver à Saint-Hippolyte-du-Fort, après une longue descente technique et rocailleuse, une barrière est posée là, probablement par les chasseurs. Honoré, qui est chiant ce matin comme à chaque reprise, m’indique un passage plus haut. Je débâte et vais vérifier. En effet c’est possible que ça passe ! Et comme un jeune cabri, Honoré descend en sautant de pierre en pierre. Ce sera d’ailleurs le seul moment agréable de la journée, le reste du temps, il a tiré. La progression est lente et malgré une pause pique-nique dans les oliviers où Honoré a pu manger à souhait, il reste désagréable. Je ne trouve pas pourquoi. Peut-être que simplement, il estime que ce tour de France arrive à son terme et qu’il a assez donné. Il reste cette loi sur les déchets que j’aimerais bien voir aboutir, et puis la boucle n’est pas encore terminée, même si on a fait plus des 3/4 du chemin. Allez un petit effort Honoré, on a bientôt fini 😉.
En arrivant à Pompignan, je croise une cavalière amie d’Édith qui me propose un bivouac. Mais c’est loin du bourg où je dois aller chercher de l’eau potable. Je vais au cimetière et en sortant je croise Marie qui me propose le jardin de l’atelier de son ami. Il y a de la place pour Honoré et une douche pour moi. En plus j’ai même un apéro dinatoire.
J’ai bien dormi, Honoré a bien mangé et nous revoilà en chemin. Ça grimpe un peu, parfois beaucoup mais pas longtemps, encore de la pierre et des passages techniques. Heureusement qu’il n’y a pas de déchet à ramasser sur ces portions compliquées. Comme hier, Honoré est parfait sur les passages techniques et traîne les pattes sur les passages tranquilles qui devraient être agréables. Après la pause, je décide d’écouter la journée pour voir si demain ça va mieux. C’est là qu’on croise David, géobiologue, qui interrompt sa pause pour nous accompagner dans son village. Il nous conduit au centre équestre pour notre bivouac, chez lui il n’y a pas de place. Il revient nous voir avec son fils Eliott, tout content à 3 ans d’offrir des pommes à Honoré. Le soir je suis invité à dîner chez lui et suis accueilli par sa compagne Marion. La soirée est très agréable et comme souvent, trop courte. Mais Eliott est fatigué, moi aussi, David me raccompagne histoire de prolonger la conversation sur la géobiologie.
Cette nuit nous découvrons la tramontane, ce vent rafraîchissant dont les rafales ont atteint 70 km/h. La nuit a donc été ponctuée par ces moments où il a fallu tenir la tente. Ce matin je recroise David qui m’offre des terrines avant de nous saluer. La journée de marche est tranquille, peu de dénivelés aujourd’hui, même s’il y a beaucoup de bitume, ça fait du bien. On est attaqués par les moustiques tigres pour ma part et les mouches plates pour Honoré. C’est vraiment désagréable ! Quant aux déchets, le calme du chemin nous fait reprendre le rythme habituel, ni plus, ni moins. Mais j’ai enfin reçu un message d’un député de l’Allier qui relance mon projet auprès de son groupe parlementaire. On y crois, cette fois c’est la bonne !
La tramontane s’est un petit peu calmée, mais les différences de températures entre le moment où elle souffle et le moment où elle ne souffle plus, fait que j’ai passé ma journée à mettre et poser le gilet. J’arrive ce soir à Puéchabon, joli petit village typique d’Occitanie et croise Marion qui me propose un terrain qu’elle vient d’acheter. Elle m’apporte même de quoi dîner, je suis gâté.
Ce matin une voisine m’apporte un bon café tout chaud, juste avant que je prenne la route avec Honoré, toujours attaqué par les mouches plates. Malgré les huiles essentielles et le combat permanent pour les chasser, elles persistent. Le début de journée est plutôt calme, on croise quelques chasseurs, le chemin est agréable, pas trop difficile et même franchement joli quand on traverse les petits villages typique et les magnifiques ponts, véritable œuvres d’art surgis du passé. C’est la dernière partie de la journée qui a été compliquée de par le dénivelé et la technicité du terrain. Niveau déchets, c’est toujours pareil, d’ailleurs c’est assez étonnant mais dans les parties techniques il y a moins de déchets que sur les parties plates. Quoi qu’il en soit Honoré a encore été exemplaire et impressionnant dans les franchissements complexes, tant en montée qu’en descente.
Juste avant d’arriver au village de Saint-Jean-de-La-Blaquière, Honoré a repéré l’asinerie des petits sabots. Comme on a plus de 25 km dans les pieds et les pattes, on cherche rapidement un bivouac et on va donc demander à l’asnier s’il connaît un coin nous pourrions passer la nuit. Impossible chez lui à cause d’ânes entiers qui n’accepteraient pas Honoré, mais il appelle le maire et me trouve très vite un terrain pour la nuit. Au cours de la conversation on se rend compte que nous avons des connaissances en commun, notamment Michel de l’asinerie du Tremble où est né Honoré, et Serge de Savoy’âne que je n’ai pas encore rencontré puisque je ne suis pas allé en Savoie, malgré son invitation. Promis je viendrai un jour !
La journée a mal commencé avec un itinéraire tracé sur les cartes qui n’existe plus puisque trop souvent inondé par la rivière. On fait donc 4 ou 5 km de détour avant de trouver le nouveau balisage et de vraiment démarrer la journée. Je suis agacé, du coup Honoré est chiant, normal quoi. Puis la montée commence et se déroule plutôt bien. Les villages traversés sont pittoresques et agréables et nous croisons des pèlerins, normal nous sommes sur la voie d’Arles. Encore quelques passages techniques, tant dans les montées que dans les descentes, mais comme d’habitude c’est une formalité pour Honoré. On arrive près d’un prieuré (Grandmont) ou des rondins sont disposés pour faire une table et des chaises, ça fera une pause idéale pour le pique-nique.
Plus tard on recalculant l’itinéraire je me rends compte que c’est à peu près à cet endroit que nous franchissons les 5000 km parcourus depuis le départ il y a tout juste 16 mois.
Le reste de la journée se déroule bien, limite confortable. À noter qu’aujourd’hui 100 % des déchets ramassés étaient des déchets accidentels, hormis ceux trouvés sur les routes évidemment.
La descente sur Lodève est raide mais moins technique que celles que nous avons rencontré les jours précédents. Il ne reste plus qu’à traverser la ville pour nous rendre chez Anne, la sœur de Marc chez qui j’avais bivouaqué en novembre dernier, juste avant d’arriver chez Bernard Hinault.