Depuis quelques jours, j’ai commencé la rééducation du mollet en reprenant la transhumance des brebis entre la ferme et les pâtures. Si le mollet est encore sensible, la cicatrisation semble se poursuivre et tenir le coup.
Honoré quant à lui, montre de signes d’impatience à reprendre la route. Il m’appelle de plus en plus souvent et me suit le long de la clôture comme s’il craignait que je parte sans lui.
Il y a quelques jours, Miel, la border de la ferme qui est une assistante parfaite pour transhumer les brebis, a fait des petits. Sept chiots sont nés, dont la moitié sur le lit où je dors… Alain me promet de m’en réserver un, il propose même de commencer son éducation au troupeau. Ça tombe bien je ne serai pas arrivé au terme de mon tour de France avant le sevrage de ma futur assistante 😉
Peut-être qu’une semaine de plus à la ferme serait un choix raisonnable, mais comme Honoré, j’ai des fourmis dans les pattes. La météo annonce encore des chaleurs pour les prochains jours et des orages pour la semaine prochaine, mais je sens qu’il est temps. Comme toujours quand on reste quelques temps en pause, on s’attache aux gens, aux lieux, aux nombreuses rencontres… Et comme à chaque fois, c’est toujours difficile de dire au revoir.
Les premiers pas sont hésitants, ça va être compliqué de marcher avec le bas de contention, je fais un strap avec la bande, ce sera plus confortable. Et nous sommes en route. Un peu de bitume pour commencer mais il ne fait pas trop chaud. Pause pique-nique avec une magnifique vue sur la vallée du Rhône avec les Alpes au loin. Ha décidément ces Alpes, elles m’attirent et je ne peux pas y aller. C’est probablement pour une autre fois, il y a sûrement une raison.
Ce soir j’arrive sur un spot qui attire mon attention, il y a de l’herbe presque verte, des habitations où je peux trouver de l’eau et une table de pique-nique. Au terme de cette première journée de marche un petit parage des pieds de d’Honoré était nécessaire, pour contrôler l’état et arrondir les angles, la pause a ramolli la sole qui mue un peu.
Les premiers voisins nous offrent de l’eau, les enfants des carottes et de la luzerne pour Honoré, j’installe le campement et un autre voisin vient discuter. Jérôme est directeur d’un magasin Sport 2000 près de Saint Etienne. Il a lui aussi souffert d’une déchirure musculaire au mollet et m’offre un manchon de contention qui me permettra de mettre des chaussettes de rando et maintenir le mollet. Il sait que la guérison sera longue, dans son cas, il aura mis quatre ans avant de pouvoir reprendre la course à pies. Je peux aussi prendre une douche et je suis invité à dîner. Sa femme Laetitia, s’occupe de la communication du village et gère la page Facebook, elle vient faire un photo de notre petit convoi. Nous passons une très agréable soirée, une bonne bière bien fraîche, un repas sur le pouce en terrasse avec leur fils Eliott, bref une petite famille bienveillante, ce jour de reprise est parfait.
Jérôme passe me saluer avant le boulot, Laetitia m’apporte de l’eau fraîche au départ et m’indique que je vais passer près de Pil’ânes, une location d’ânes de randonnée au pied du massif du Pilat. Alors je me mets en route et découvre les magnifiques paysages proposés par le Parc Naturel Régional du Pilat. Quand la vue est dégagée, on voit du Mont Blanc au Mont Ventoux. Avec la chaleur le temps est nébuleux mais on distingue le massif de la Chartreuse et du Vercors de l’autre côté de la vallée du Rhône. C’est beau, vallonné, comme j’aime. En route j’appelle Bernard de Pil’ânes et lui raconte mon histoire. Il me propose de bivouaquer au pré où son ses ânes. Il y a son bureau dans lequel je peux dormir sans monter la tente. Et Honoré a des potes pour gambader. Malheureusement Bernard ne peux pas rester mais nous sommes bien installés. Ça fait 15 ans que Bernard loue des ânes, c’est sa dernière année.
Nous avons rattrapé le GR65. Vu que j’envisage d’aller à Cahors, il serait tentant de suivre ce chemin, mais le Tour de France ne serait pas suffisamment complet. Je suis bien content de pouvoir dormir à l’abri ce soir, un orage éclate avec un peu de grêle. Pas de dégâts mais c’est toujours impressionnant.