J’entre dans le parc naturel d’Armorique, très vallonné. Un peu de route pour rejoindre Lopérec puis des chemins conseillés par Marine, l’ostéopathe qui avait ausculté Honoré sur la Presqu’île de Crozon et qui nous attend ce soir. Les paysages sont vraiment chouettes, ça ressemble beaucoup au Livradois-Forez, les lumières du soleil qui se diffusent sur les brumes, offrent une ambiance particulière que je ne sais pas faire ressortir sur la photo. Les chemins sont glissants de boue et de mares qu’Honoré passe aisément. Tant mieux. Au détour d’un chemin, une dame a eu peur en déposant ses déchets dans une benne collective, des rats en sont sortis rapidement, la faisant sursauter. Rapidement deux amies randonneuses la rejoignent et s’étonnent de la présence de ces intrus. Mais Honoré devient vite le centre de la conversation. Je suis tout près de chez Marine, je suis accueilli par Guy, son compagnon. Rapidement on installe Honoré dans un paddock où il est salué pas des copains chevaux. Bon, là il a eu un peu peur mais s’est vite habitué. Puis Guy me propose de m’installer au chaud, m’allume un feu de cheminée… quel bonheur. Et quel réconfort d’être reçu ainsi. L’habitation est autonome en électricité, les panneaux photovoltaiques alimentent des batteries. Si en été la production est supérieure à la consommation, les épisodes pluvieux ne laissent pas beaucoup de surplus. Il faut dire que le chauffe-eau électrique absorbe une partie de la production. Mais Marine et Guy me proposent de faire une lessive. Il reste encore du courant pour passer une très agréable soirée. L’apéro au coin de la cheminée, un bon plat de calamars cuisiné par Marine… Le bonheur total. Merci Marine et Guy pour tout, l’accueil, la chaleur (humaine et de la cheminée), l’apéro local, le repas délicieux, le paddock généreux d’Honoré… ça remonte le moral. Le genre d’endroit qu’on n’a pas envie de quitter. Petit déjeuner au chaud puis c’est l’heure du départ. Marine et Guy m’ont conseillé l’itinéraire le plus agréable et le mieux adapté à Honoré, c’est-à-dire sans passerelle.
Effectivement les chemins et les points de vues sont magnifiques et agréables. Jusqu’à un chemin transformé en petit torrent par les pluies des jours précédents. Mais surprise, Honoré passe sans rechigner. À la pause de midi, je me rends compte qu’il me reste beaucoup de kilomètres avant de trouver un bivouac après les crêtes inhabitées. Je décide donc de faire un détour par le village de Saint Rivoal, ce qui me permettra de passer la ligne des crêtes d’une traite le lendemain. Je me rends à la mairie où la secrétaire me propose l’air de camping-car à la sortie du  village. Je vais voir et entre temps un riverain me suggère de revenir à l’ouverture de l’épicerie associative, quelqu’un aura bien quelque chose de mieux me proposer. Une cliente prévient des amis, l’épicière passe quelques coups de fils. Et arrive Gauthier qui, intrigué par Honoré vient me saluer. Il possède deux ânes et est également un randonneur averti. Naturellement il me propose de nous héberger, bien qu’il vit en collocation avec sa compagne Marina et un autre couple, Éloïse et Pierre. Je suis super bien reçu par tous les quatre, Honoré a sa parcelle, et moi une chambre d’amis, douche, repas chaud… mais il faut que je vous parle de Gauthier. C’est un voyageur qui est parti d’Ushuaya en Patagonie, pour rejoindre la Nouvelle Orléans aux États-Unis, soit 28.000 km à pieds et en auto-stop. Il a profité d’être pays du blues pour enregistrer un album composé en route. Il est aussi champion d’Europe de coupe mulet. Un type au grand cœur, tout comme ses amis. Et au matin il nous accompagne au Mont Saint Michel, le vrai comme disent les gens d’ici. Je suis donc entre deux Monts Saint Michel et ne prendrai pas parti pour le breton ou le normand. Voici le lien vers la page de Gauthier https://www.facebook.com/lamarchedumulet/
Le matin, Gauthier m’accompagne pour monter jusqu’à la chapelle du Mont Saint Michel. Et comme toujours après avoir monté, il faut redescendre. C’est en bas que nos chemins se séparent. Kenavo l’ami.
Il y a beaucoup de vent dans les Monts d’Arrée, je profite d’un bosquet pour déjeuner, juste avant la deuxième grosse côte se la journée. Nous sommes sur le toit de la Bretagne. La vue est magnifique et couvre loin. On aperçoit Brest au loin, les Montagnes Noires en face… et une ancienne centrale électrique en bas. Le soir je bivouac dans un camping fermé mais sans eau. Impossible de joindre le maire, mairie fermée également. Au moins j’ai une jolie vue sur la chapelle Saint Michel.