Comme prévu je fais une pause chez François et Emmanuelle chez qui je passe deux jours. Le premier jour, François doit suivre une formation et j’en profite pour me faire conduire à Lisieux. J’ai quelques courses à faire pour Honoré et moi et surtout je veux visiter la ville. Lisieux est une ville assez grande et plutôt industrielle, mais ce qui attire mon attention, c’est la basilique et la cathédrale. Je me dirige d’abord vers la basilique qui tout de suite m’impressionne par ses dimensions. Je me sens tout petit mais elle est pourtant très accessible. Je n’en loupe pas une miette et visite tout jusqu’à la crypte. Une grande émotion s’en dégage, une grande beauté mais paradoxalement une grande simplicité. Je me dirige ensuite vers la cathédrale que je ne peux pas visiter parce qu’il y a un enterrement. Tant pi, j’ai eu ma dose d’émotions pour la journée. Je remonte chez mes hôtes à pieds, pour une journée de pause, j’ai dépassé les 20 km de marche. Au moins Honoré s’est reposé et je lui ramène une nouvelle pierre à sel, il est tout content.
Le lendemain, je fais une vraie journée de pause. Enfin entretien du matériel, graissage des cuirs, des chaussures, soins préventifs à Honoré, équilibrage des pieds… Nettoyage des sacoches et rangement. Ça fait quand même du bien. Je reçois quelques messages et une invitation de Sophie, cousine de Jérôme (Christelle et Louise) chez qui j’avais bivouaqué il y a quelques jours. Pour cette reprise après pause, ce sera une étape plutôt courte et ce soir je n’aurai pas à monter la toile de tente et un repas chaud m’attend. Autre surprise, Honoré a un camarade congénère de pâture qui s’appelle Lulu ainsi que quelques moutons et poules. La famille arrive les uns après les autres, il faut dire qu’il y a du monde : Charlotte l’aînée, Thibault n’est pas venu car en pleine période d’examens, Juliette, Joseph et Gaston et le dernier à arriver est le papa, Guillaume. On les appelle la Tribu Leroux 😉. Charmants et accueillants, j’ai passé en leur compagnie une bien agréable soirée, et j’ai même goûté le cidre Normand.
Ce matin Honoré doit dire au revoir à son copain Lulu et nous devons reprendre la route pour quitter ce joli pays d’Auge, vallonné et verdoyant. Après la petite forêt, les collines laissent place à des plateaux céréaliers qui font penser à la Beauce. Nous sommes dans l’Eure. Ici les maisons sont regroupées en hameaux qu’on aperçoit de l’un à l’autre par leurs clochers. C’est amusant mais peu encourageant lorsque l’on marche, l’impression de ne pas avancer encombre l’esprit. Pourtant la journée à été productive, tant au niveau des kilomètres parcourus que des déchets ramassés. Il reste quelques maisons à colombages et chaumières, ce soir je bivouac dans le parc de l’une d’entre elles. Honoré est même libre dans un immense paddock où il peut gambader. Nous sommes toujours en Normandie, il y a des chevaux partout et Honoré semble s’y habituer, même parfois, jusqu’à aller chercher leur compagnie.
Ce matin Bruno vient me rejoindre au départ de ce bivouac, il nous accompagnera jusqu’à chez lui où nous passerons une nouvelle journée de repos. Et ça tombe bien parce qu’Honoré est particulièrement vilain aujourd’hui. Je dois identifier la cause de son problème car la journée a été un enfer pour moi. Il tire, fait demi-tour, ralenti, accélère, recule. Bref, j’ai les lombaires en compote, le genre de douleur qui peut compromettre la suite de notre tour de France. Y’a quelque chose qui ne va pas ! Est-ce que j’ai accéléré la cadence ? Est-ce que j’ai mal mis le bât ? En effet il tourne, mais il bouge tout le temps quand je lui met. Je n’ai pas vu de plaie, les réglages sont les mêmes, les valises sont équilibrées, les tapis propres, les cuirs graissés… Ou est-ce qu’il me teste encore comme après chaque pause ? Demain je refais une pause pour vérifier tout ça. En attendant je suis accueilli chez Christine et Bruno. Bruno m’avait contacté en décembre pour me proposer une pause chez eux. Il a deux anesses qui vont tenir compagnie à Honoré. Je fais une nouvelle pause et visite Bernay. Demain on reprendra la route tout doucement.