Avec le changement d’heure, je pars trop tôt de mon bivouac sur le bord du GR 65 chez ces particuliers que je n’ai pas beaucoup vu, ils partaient dans la famille à l’occasion de la Toussaint. Honoré lui a pu gambader avec deux congénères, ça lui a fait du bien.
À peine une dizaine de kilomètres aujourd’hui pour arriver au Mont Saint-Cyr où j’ai prévu de bivouaquer. Je profite d’une magnifique vue sur Cahors, il y a de l’herbe pour Honoré et de l’eau. Parfait ! Je profite aussi du snack pour manger un truc tout prêt et une glace. C’est tout bête mais ça fait du bien. Je passe la journée à observer les promeneurs, nombreux en ce dimanche ensoleillé. Quelques uns viennent poser les habituelles questions, d’autres, plus timides, préfèrent expliquer ce qu’ils pensent savoir de notre petit convoi. C’est amusant, je laisse parler et je me marre. Quand une personne du groupe s’approche finalement et que je donne ma version, les gens ont du mal à me croire. C’est encore plus drôle. J’ai la chance d’assister au coucher de soleil sur Cahors, vu d’en haut c’est magnifique.
Aujourd’hui l’étape s’annonce assez courte et sans difficulté majeure, si ce n’est de descendre du Mont Saint-Cyr et de traverser Cahors. Pour la descente du Mont Saint-Cyr, je décide de faire un détour pour prendre la pente la moins raide et ainsi éviter de devoir rebater en arrivant à Cahors. On arrive par le pont Louis-Philippe qui donne directement sur la boutique de Caminoloc où j’avais commandé mes chaussures. Malheureusement Mahdi n’est pas là mais je ne peux pas attendre, des orages sont annoncés ce soir et j’aimerais être arrivé avant la pluie. Je fais quelques courses puis traverse Cahors qui est une très jolie ville. On longe le lot puis on prend la direction de la vallée qui mène chez Martine. À la sortie d’un village, on fait la pause casse-croûte et je suis rejoint par Myriam et Joseph qui me suggèrent d’aller bivouaquer chez Mag et Patrick qui proposent de la randonnée avec des ânes. J’explique que je suis déjà attendu chez Martine, justement Myriam connaît bien Martine puisqu’elle intervient dans ses formations d’ânier générale en tant que dentiste équin. Ici tout le monde connaît les ânes ! Myriam et Joseph me rejoindrons ce soir chez Martine pour prendre l’apéro.
À peine avais-je fini de déjeuner, le téléphone sonne, c’est Mahdi qui me propose de me rejoindre. Je suis touché que ce pèlerin légendaire fasse un détour pour me rencontrer. Mahdi n’est pas un marcheur comme les autres, il a notamment effectué une grande marche pour la paix partant de Jérusalem et reliant Compostelle en passant par Rome, le tout à pied ! Il ne marchait pas seul, le groupe était constitué d’un chrétien, d’un musulman et d’un juif. Une belle leçon d’humanité qui a conduit Mahdi à s’installer à Cahors sur la voie du Puy-en-Velay en direction de Compostelle. Il est aussi connu pour avoir tenu pendant quelques années le magasin Caminoloc, boutique du pèlerin par excellence. De nombreux pieds ont été sauvés dans cette boutique et de nombreux sourires réapparus. Autant vous dire que je suis particulièrement touché qu’il soit venu à ma rencontre, même si elle fût brève, je suis ému.
Mais il est temps de reprendre le chemin pour arriver à l’ânerie de Martine où je suis accueilli chaleureusement par toute sa famille. Martine est également une légende mais dans le monde de l’âne. Ses formations, ses analyses, la compréhension de ce qui se passe entre les deux grandes oreilles de nos ânes adorés, font d’elle une référence chez tous les âniers. D’ailleurs la plupart des âniers professionnels ont fait au moins un stage chez elle.
J’avais demandé à Martine de me conseiller une ostéopathe pour contrôler l’état d’Honoré et je profite de ma halte chez elle pour offrir cette consultation à mon compagnon. C’est Eugénie qui est venue à l’ânerie ausculter Honoré dans tous les sens. J’ai beaucoup apprécié son approche énergétique de l’ostéopathie. Comme Nadège, que nous avions rencontré dans la Marne, elle prend le temps de connaître et ressentir l’animal afin de lui apporter le soin optimal. En effet il n’est pas forcément nécessaire de tirer les pattes dans tous les sens et faire craquer, comme le font certains pour impressionner la galerie. Honoré a donc pu profiter d’une séance très complète qu’il semble avoir particulièrement apprécié. Merci Eugénie pour ton travail, ta patience et ta bienveillance. Et merci à tous les contributeurs de la cagnotte Leetchi.com/c/tdfane grâce à qui j’ai pu offrir cette séance à Honoré. Pour la contacter 06.47.00.78.06.
Repos total maintenant pour conserver les bienfaits de la séance, et comme la météo s’en mêle, on prolonge le séjour de deux jours supplémentaires. Le temps pour Honoré de rencontrer quelques copains ânes et chevaux et pour moi de rencontrer les amis incontournables de Martine. Cette prolongation m’aura permis d’en apprendre encore plus sur l’âne chaque jour et donc de mieux comprendre certains comportements de mon ami aux grandes oreilles. Je suis très fier d’avoir rencontré la légende qui parle à l’oreille des ânes et qui est un trésor de connaissances à son sujet. Aussi, dois-je préciser à quel point l’émotion était forte ce matin quand il a fallu reprendre notre chemin.
Mais ça fait parti du Tour de France, il faut avancer, l’hiver approche et ces derniers jours, les températures sont enfin de saison. La journée est belle les paysages sont magnifiques, les villages typiques du Lot invitent au voyage et à la découverte de l’histoire locale. Les dénivelés sont assez doux, la vue est impressionnante quand on est en hauteur, reposante dans la verdure des vallées. Pour la reprise, on pousse jusqu’à Labastide-Murat où un couple me conduit à un terrain communal riche en bonne herbe et avec de l’eau. Plus tard il m’apporte même des cannelés, le mari est originaire de Bordeaux.