Ce matin nous disons au revoir à Émilie, Antoine et les enfants, qui nous ont accueilli comme des princes. Suite aux conseils d’Antoine, j’ai modifié mon itinéraire, l’objectif d’aujourd’hui est de traverser les Vosges par la vallée des éclusiers. Il y a deux canaux parallèles, celui que nous suivons est l’ancien canal, aujourd’hui désaffecté. À l’époque, il n’était pas rare de mettre plus de 24 heures pour traverser les Vosges par ce canal tant il y a d’écluses pour compenser le dénivelé important, donc de temps d’attente entre chacune d’entre elles. Avec le nouveau canal a été construit un plan incliné qui permet aux bateaux de monter un peu comme avec un monte d’escaliers. Je fais donc le détour pour photographier cette invention ingénieuse. Mais pour arriver au bord de ce nouveau canal, il faut traverser un pont… En bois. Après un quart d’heure de négociation, Honoré passe courageusement le pont de bois au pas de course. La journée est magnifique, le soleil domine malgré un vent frais. Les paysages sont magnifiques. Mis à part des travaux qui m’oblige à quitter le canal (pour rien en plus) et m’oblige à repasser une passerelle pour y retourner. Mais Honoré hésite quelques instants, je profite de la présence de deux jeunes pêcheurs pour détourner son attention et passer. Ouf ça passe. Je vais être à court de carottes si ça continue. Heureusement la voisine d’Émilie et Antoine m’en a donné hier, et des cookies pour moi. Merci Madame. On quitte la Lorraine et nous voici en Alsace. Encore une nouvelle page a découvrir. La traversée des Vosges c’est beau, mais mes pieds trouvent que c’est long. On arrive à Saverne, plus le courage de demander aux riverains, j’appelle la mairie qui m’envoie aux services techniques puis à la capitainerie du port de plaisance du canal. Xavier, le capitaine, m’accueille et me propose un terrain. Honoré devient l’attraction du port, comme d’habitude, il fait l’ambassadeur du tour de France. Xavier à fait le chemin de Compostelle, tout naturellement on discute rando. Ce matin il m’offre son livre Mon port est en ne île, et un correspondant local des Dernières Nouvelles d’Alsace (appelé ici DNA) vient m’interviewer.
Puis je prends le chemin de halage pour avancer en direction de Hochfelden (prononcer Horfeldenne, les consonnances Allemandes et Alsaciennes sont très marquées). C’est donc une nouvelle journée le long du canal. La marche est tranquille, Honoré est au top. À midi je fais la pause déjeuner près d’une halte fluviale, il y a des tables et j’apprécie de pouvoir manger assis. Je suis rejoins par un couple d’Allemands avec qui j’essaie de communiquer. Ici tout le monde parle Allemand, c’est une trace du passé houleux de la région. On arrive quand même à communiquer et mon interlocuteur me fait comprendre qu’en Allemagne, même les bouteilles d’eau en plastique sont consignées et les emballages ne sont pas nécessairement à usage unique. Bien, nos dirigeants qui s’inspirent tant de nos voisins devraient aussi s’inspirer chez eux pour le recyclage. Je reprends la marche mais le paysage est ici plus plat, c’est la pleine d’Alsace. Toutefois, les montagnes ne sont pas loin. La journée est chaude et longue, mais calme. Je pense m’arrêter dans un village et une randonneuse me suggère un bivouac plus loin. L’endroit est en effet agréable, mais il n’y a pas d’eau potable et j’ai vu flotter pas loin sur le canal, un cadavre de renard, enfin je suppose. Je dois donc continuer, mais la prochaine ville est loin. J’appelle la mairie pour être sûr d’avoir un contact avant la fermeture. Un agent technique me rappelle et me propose un terrain, sans eau mais il y a une rivière. Ok il y a des habitations autour, je trouverais bien de l’eau. Mais en approchant, je vois la route qui mène au bivouac et la circulation est dense et rapide. Ha non je ne vais pas par là… Et au bord du canal, il y a un espace plus large, des habitations. Je demande aux riverains si je peux m’installer là, pas de problème… Alors ok je m’installe. Je rappelle l’agent technique pour expliquer la situation. J’ai même accès à une douche et partage une bonne bière locale (brasserie Météor) avec un riverain, Arnaud, qui possède une très jolie maison. Au matin il me propose le café avec Alexia son épouse, puis je reprend le chemin de halage direction la maison de Céline et Nicolas à une dizaine de kilomètres.
Même si le chemin est court aujourd’hui, je fais quand même la pause déjeuner au bord du canal avant d’arriver chez Céline. J’y rencontre un joggeur qui m’explique que chez nos voisins, même la Volvic est consignées et qu’aux abords des terrains de foot, les SDF viennent les ramasser (si il y en a) pour gagner les quelques centimes qui leur permettent de survivre. Encore un bel exemple à suivre. Après la pause, je croise les premiers champs de houblon, l’Alsace est bien la région de la bière. Elle se boit autant à l’apéro qu’au cours du repas, dans l’après-midi… Et j’arrive chez Céline. Elle est admin d’un groupe d’âniers sur lequel je partage nos aventures et voyant que j’approchais de sa région, elle m’a proposé d’y faire une halte. Quelle bonne idée, en plus elle propose à Honoré de passer du temps avec des congénères, ça lui a fait beaucoup de bien aussi. Une bonne pause, un lit, douche, manger à table… Ce sont des petits bonheurs simples mais qui illuminent mes journées. Je profite de la première journée de repos pour faire quelques courses et du tourisme. Strasbourg est une très belle ville, mais pleine de touristes. Il y a beaucoup de monde, impossible de visiter la cathédrale. J’ai ma dose urbaine, je rentre. L’architecture est magnifique et dans les villages, les maisons sont colorées. Nicolas, le compagnon de Céline, m’explique que ces couleurs indiquaient autrefois le métier du propriétaire de la maison. Chaque artisan avait son code couleur et ainsi tout le monde trouvait facilement le boulanger, le boucher, le maréchal ferrant, le charretier… Bon, c’est bien beau tout ça, les belles rencontres, la pause… Mais il y a encore du chemin et j’ai déjà trouvé un nouveau bivouac pour demain, un autre pour jeudi… Et il y a encore du chemin à faire. J’ai beau tracer des parcours pour essayer de voir tout le monde, ça ne sera pas possible, enfin pas en une seule vie. Alors on reprend les bonnes habitudes, direction Strasbourg puis retour dans les Vosges, par l’Est cette fois-ci.