Les différences de températures me fatiguent particulièrement avec ce petit rhume qui persiste. Mais il faut avancer. Ce matin Honoré m’a refusé une passerelle en béton, c’est la première fois, celles-ci habituellement il les passe sans problème. Impossible d’incister, on est tout près de la ligne de TGV Grand-Est, et je ne sais pas si ça vient de la vallée ou des rails, mais je le trouve particulièrement bruyant. On dirait qu’un Airbus atterri tout près à chaque passage, soit tous les quart d’heure. Honoré est chiant, mord la longe et la tire. J’ai mal au dos ! La route d’hier n’a rien arrangé, aujourd’hui a cause de la passerelle, ont ajoute 4 km de bitume avec de la circulation. Enfin un peu de forêt… Interdite pour cause de chenilles processionnaires. Ha non tant pi, je prends le risque. Et même au cœur de la forêt on entend toujours les TGV passer, ça raisonne dans les bois. À l’approche d’un charmant village, je me décide à m’y arrêter pour le bivouac, mais des locaux montent des chapiteaux pour la soirée choucroute de dimanche. Le bruit des chapiteaux effraie Honoré, les blagues lourdes des autochtones me fatiguent, tant pis, on ajoute 3 km, je ne reste pas là. En plus ça sent le piège, ça va finir en beuvrie. Et finalement le chemin pour arriver à Bouillonville est charmant, le village accueillant et semi-troglodyte. La secrétaire de mairie m’accompagne près de la salle communale et un adjoint m’ouvre les toilettes avec point d’eau.
Le lendemain matin je reçois la visite d’un correspondant local de l’Est Républicain. On entend toujours le TGV. Puis on traverse une autre voie ferrée, de marchandises celle-ci. Puis a nouveau de la forêt, des dénivelés, des chemins abandonnés, des villages détruits par la guerre. J’en repère un sur la carte, reconstruit tout près, je décide de m’y arrêter pour la nuit. Mais à la sortie du chemin, des jeunes cavaliers ont peur d’Honoré, enfin leurs chevaux. Je m’éloigne, il doivent faire demi-tour. Je les suis de loin, le centre équestre est justement dans le village. Tant pi, on pousse jusqu’à la ville suivante, Montauville. On arrive par un immense cimetière allemand puis on descend vers la commune et croisons un âne. Les chiens jappent, un vieux les engueule au carreau de la cuisine, je le salut, mais il ne me répond pas. Bon, c’est pas ici qu’on va bivouaquer. Je continue, personne… Je trouve un terrain abandonné, demande au voisin qui m’envoie au centre équestre au bout de la rue. Dans la cour, un cheval est en train de se faire charger dans un van, mais Honoré lui fait peur. Je dois m’écarter. La propriétaire me dit de m’installer, elle part en concours. A son retour elle m’offre le pain et un pâté lorrain, me propose la douche et me conseille sur l’itinéraire. Mais pas demain ! Il y a une grosse course de motos, 650 inscrits à l’enduro du val Lorrain, c’est tout le week-end et quel que soit mon trajet, je les croiserais. Je conviens qu’il est plus prudent de rester, d’autant que l’effort d’aujourd’hui n’a pas arrangé mon dos. Je préviens Anne qui m’attend demain chez des amis avant ma pause chez elle.
La journée de repos est longue mais les cavaliers sont sympathiques. Je vais faire un tour dans les environs, en effet, même sans Honoré ça ne passe pas.
Ce matin je peux partir, effectivement le parcours des motards était en grande partie commun avec le mien et ça aurait posé problème. Le début de la marche est agréable en forêt mais arrivé en ville ça devient moins bien à cause de la circulation et notamment des camions rapides. Première difficulté, la voie de chemin de fer. On en a pourtant déjà passé, mais là Honoré bloque. Les barrières du passage à niveau se ferment, demi-tour. Le TER passe, les barrières s’ouvrent, je m’engage mais Honoré bloque à nouveau. Les barrières se referment, le TGV passe. Ok, il a dû sentir que ça arrivait. La troisième tentative est la bonne, mais avec la circulation je ne faisais pas le malin. Ensuite une série de ponts ; le canal, la Moselle, l’autoroute A31… Puis enfin le calme, une longue côte avant d’arriver au gîte d’Alban, un ami d’Anne, Le Soléole (http://www.colline-soleole.com/). C’est un gîte de groupe atypique avec des cabanes, yourtes, roulottes… Un vrai paradis. L’accueil est chaleureux, la cuisine de la jeune locataire de la yourte, délicieuse. Anne, mon hôte du lendemain et qui m’a conseillé de venir ici, nous rejoint. La soirée est très agréable. Un jeune couple Suisse venu rejoindre les occupants de la yourte à vélo avec leur bébé, sont également très sympathiques.
Ce matin il fait beau et sec, il faut repartir, Honoré est insupportable aujourd’hui, c’est de ma faute j’ai très mal au dos et donc je ne suis pas patient. Mais plus j’ai mal, plus il me fait mal. Anne vient nous rejoindre en route avec son chien et à cheval. Je craignais la réaction d’Honoré, lui qui a peur des cavaliers… Mais finalement ça c’est bien passé, le cheval d’Anne a vécu avec un âne et malgré quelques petits tests, l’entente entre les animaux se passe mieux que je ne l’aurais pensé. On traverse la Seille, de l’autre côté c’est la Moselle, encore un nouveau département. Nous arrivons chez Anne et vu l’état de mon dos et la météo pluvieuse annoncée, je vais dormir chez elle, je ne monte pas la tente. Tant pi, Honoré va braire, mais ce n’est pas grave. Elle habite dans une yourte et une roulotte. C’est une chouette expérience. Le lendemain Anne me conduit à Nancy faire quelques courses. Les chaussettes et semelles sont usées, le cure-pieds d’Honoré aussi, il me faut du gaz qui ne gèle pas, les températures annoncées pour les prochains jours ne sont pas terribles, même la neige est prévue… Et au niveau alimentaire les stocks sont au plus bas. J’en profite pour visiter Nancy, sa place Stanislas et sa cathédrale. Je décide de prolonger le séjour d’une journée, j’ai vraiment trop mal au dos et en plus en sortant de Décathlon, j’ai loupé le trottoir. La douleur a été encore une fois violente. J’espère que demain ça ira mieux.