La journée débute avec des brumes matinales dans la vallée, mais nous restons en hauteur. Le décors est bien différent de ce que nous avons vu les semaines passées et même si on est encore en altitude (autour des 800m) la verdure reprend le dessus sur le minéral, les pâturages deviennent la norme. C’est étrange comme ces odeurs m’avaient manqué. Encore une belle journée entre lacs et collines et on n’a pas vu les kilomètres passer. Et quand je commence à les sentir on arrive à La-Salvetat-sur-Agout, ce nom vous dit sûrement quelque chose… On bivouaque dans un pré, le paysan voisin me laisse accès à l’eau.
Enfin une journée de marche calme avec des gentils dénivelés, pas de piège et un temps parfait pour la marche. En chemin je rencontre des pèlerins dont une pèlerine qui reconnaît Honoré (on parle de nous chez les randonneurs), puis dans un refuge, des chasseurs m’offrent du saumon. Un autre groupe de pèlerin qui va en direction de Rome, vient me rejoindre à la table de pique-nique. Et au moment de partir, Honoré m’indique une visite, en effet un randonneur arrive avec deux ânes. Il vient de Fatima au Portugal et s’en va à Roscoff en Bretagne en faisant un détour par ici. Lui aussi a entendu parler de nous, à priori on commence à être connus chez les âniers aussi 😉. Je décide d’interrompre la journée de marche bien remplie toutefois, à Anglès où je rencontre un couple de camping-cariste qui vient de Bretagne et avec qui la conversation s’engage facilement. Je les retrouve plus tard à la boulangerie qui m’indique un coin pour bivouaquer, puis le couple vient à nouveau discuter. Une agréable rencontre comme le chemin en propose souvent.
Cette nuit il a plu et c’est sous le brouillard que je me réveille et plie la tente. Aujourd’hui c’est notre dernière journée en altitude, cette après-midi ça commence à descendre avant notre arrivée sur Castres. Je passe tout près de chez un autre cycliste célèbre, Laurent Jalabert.
En arrivant dans le Tarn nous arrivons aussi dans la région Midi-Pyrénées et au pays des chocolatines. C’est peut-être anecdotique dit comme ça, mais ça veut dire que nous sommes dans la dernière partie de notre tour de France. Hier déjà j’apercevais les prochaines collines et me rendais bien compte que nous allions quitter la montagne pour la plaine. Si ce n’était pas encore flagrant par rapport au paysage proche, c’était indéniable quand on regardait au loin en arrivant aux sommets. Avec la descente sur Castres la plaine se confirmait et la montagne s’éloignait. Je l’avais tant attendu cette montagne l’hiver dernier avant d’arriver dans le massif des Vosges, nous l’avions pratiquement pas quitté mise à part entre le Jura et la Bourgogne mais ce n’était que pour quelques jours. Même si je suis un peu soulagé de quitter la montagne parce que physiquement ça commence à tirer, c’est une nouvelle page qui se tourne dans notre magnifique aventure.
Comme à chaque traversée de ville, il faut redoubler de vigilance. Mais ça se passe bien, la circulation n’est pas trop dense et les automobilistes prudents nous laissent passer. J’ai quand même hâte de sortir de l’agglomération, d’autant que je dois prendre de gros rond-points et traverser des ponts, mais là encore ça se passe bien, il faut dire que ce n’est pas l’heure de pointe.
Rapidement je vois sur la carte un hameau où je trouve des possibilités de bivouac. Un riverain me propose son terrain, puis la voisine appelle le voisin du dessus qui a un terrain où il y avait des ânes… Je me retrouve donc avec deux bivouac possibles et en même temps la presse locale qui m’appelle pour venir à notre rencontre. Je reçois la presse puis décide d’accepter la deuxième proposition, même s’il y a peu d’herbe, au moins Honoré pourra gambader librement dans le pré. Victor et sa compagne Clara, qui emménage tout juste ici, m’accueillent très chaleureusement me proposant même la douche et un succulent repas. Encore une belle rencontre offerte par le chemin, de celles qui font croire en l’humanité et la bonté des gens.
Cette nuit il a plu et je range encore la tente humide mais ce n’est pas très grave ce soir nous arrivons chez Valérie et Christophe à notre pause bien méritée. L’accueil est super convivial, on se sent vraiment attendus et l’endroit est super agréable. Il y a trois ânes, on fait les présentations tranquillement avant de laisser les quatre congénères se découvrir et jouer ensemble. Très vite Honoré et Calichon deviennent copains, l’ânesse et sa fille restent encore un peu en retrait mais très vite le groupe s’unit et s’en va vaquer ses occupations. Du coup je n’ai pas besoin de monter la tente et j’ai une chambre qui va me permettre de soulager le dos douloureux. Ici c’est la maison du bonheur pour les animaux (et les humains aussi hein !) je vous en dirai plus dans un prochain post.