Ce matin le brouillard est partout mais ne gâche rien au charme du paysage qui s’élève progressivement. Dès la pause déjeuner, la pluie s’invite et ne me quittera pas de l’après-midi. Les températures ont considérablement baissées, mais ça reste supportable, bien que la nuit, on a frôlé le 0°. Par endroit il a gelé, les gens ont gratté les pare-brises et d’autres gelées sont attendues pour les jours prochains.
Ce soir j’arrive dans un magnifique petit village pittoresque qui s’appelle Beaumont et je suis accueilli par Philippe, le 1er adjoint, qui m’invite rapidement à prendre une douche et à dîner avec son épouse Liloue. Le couple a déjà accueilli des voyageurs par ici dont un certain Stéphane Blaise et son âne Marius. Le fameux Stéphane dont j’avais suivi les aventures et qui m’a invité plusieurs fois dans sont émission sur la webradio Allô la planète. Je l’avais d’ailleurs rencontré dans le Gard avec sa compagne Florence, elle aussi animatrice sur la webradio.
Ce matin, des averses sont annoncés et la pluie cette après-midi, mais la météo capricieuse a préféré pleuvoir toute la journée. Je suis trempé des pieds à la tête, Honoré est chiant et s’arrête tous les 100 m… La journée est un véritable enfer ! En plus la mairie de Chaumeil est fermée, le bistrot aussi, il n’y a pas âme qui vive par ici. Je poursuis, ça monte sévèrement puis le GR est dévié… Tant pi je le suis, il faut vite que je trouve un abri. Heureusement le paysage est vraiment très beau par ici, mais le moral est dans les baskets. Quand j’arrive dans un charmant hameau… Je toque à la première maison, j’ai repéré une grange sous laquelle monter la tente et essayer de sécher un peu mes affaires. Christophe sort de la maison, coiffé comme le professeur Raoult, il me plaît bien ce type ! Tout de suite il me conduit à la grange, comme s’il savait ce dont j’avais besoin. Je décharge Honoré, il allume la cheminée pour me réchauffer et sécher mes affaires. Quand j’arrive dans la maison, il évoque mon nom, mais je ne me suis pas présenté… M’a-t-il vu dans la presse ? Non, j’ai une autre source, annonce le jeune retraité, un autre marcheur… Stéphane et son âne Marius sont aussi passés par ici et Stéphane connaît très bien Christophe et son épouse qu’il a eu au téléphone le temps que je m’installe. Je suis aussi invité à dîner et dormir au chaud et même à rester quelques jours si la météo reste instable. Et je suis bien content de cette invitation car la pluie ne semble pas vouloir s’arrêter de sitôt.
Il aura fallu trois jours devant la cheminée pour que tout sèche correctement. Le temps de découvrir la passion de Christophe pour les vieux vinyles et écouter de bons vieux rocks. Christophe est un type cultivé avec qui il est agréable de discuter. J’ai adoré sa compagnie, j’espère que je ne l’ai pas trop saoulé avec mes histoires…
La pluie semble se calmer, la météo annoncée est meilleure pour quatre jours, il faut reprendre la route. Mais avant, les voisins viennent boire l’apéro, Isabelle prend des photos d’Honoré et Serge apporte une pizza. Nous échangeons nos découvertes musicales, puis il est temps de se dire au revoir.
Ce matin le ciel est encore bas mais pas de pluie prévue. Je pars tard pour une bonne journée de marche d’une vingtaine de kilomètres à travers la montagne corrézienne. Nous sommes dans le parc régional de Millevaches, c’est beau, vert, vallonné mais pas difficile. L’architecture est à la fois austère (n’est-ce pas Christophe) et solide, mélange de la Creuse et de la Bretagne, beaucoup de granit sur les façades. Le climat est bien plus humide que je ne l’aurais pensé, mais c’est logique m’expliquait Christophe, les pluies viennent de l’océan et les nuages bloquent contre le massif central. Ce soir je dors près du cimetière de Bonnefond, une petite station de ski de fond où je suis attendu à la mairie pour discuter de mon parcours.
C’est vallonné comme j’aime, verdoyant comme j’aime, de la petite montagne d’élevage avec tout le charme que cela apporte. Le ciel est encore lourd ce matin, des averses sont annoncés mais n’arriveront pas avant midi. Et ça tombe bien parce que les premières difficultés de terrain se présentent à nous. Il faut descendre dans une vallée rendue glissante par les feuilles humides cumulés au pierres granitiques du sol. Nous passons de nombreux petits ruisseaux et jolie petite cascade avec succès. D’ailleurs Honoré se montre exemplaire dans ce genre de difficulté, alors que ces dernières journées de marche, il a été plutôt pénible, voire caractériel. Je pense qu’il a mal aux pieds, qu’il déteste l’humidité, et qu’il est tout simplement fatigué de ce Tour de France, comme moi. Pourtant, il a vu récemment l’ostéopathe qui a fait un bilan complet plutôt positif.
Bref, revenons à notre charmante vallée corrézienne pleine de multiples charmes d’ambiances, de couleurs, de sons… Et quelle déception quand arrivant tout au fond de la vallée, il faut franchir un dernier ruisseau gorgé d’eau et grondant de remous à cause des dernières pluies intenses. Impossible de passer tant le brouhaha, le courant et la profondeur du ruisseau, sont forts. Pas le choix, nous devons faire demi-tour. Mais les obstacles techniques de la descente ne sont pas encourageants à la remontée. D’après la carte IGN, il existe des chemins de débardage, abruptes, mais l’option s’envisage. C’est difficile mais nous y arrivons et la récompense est un charmant pré en hauteur, riche d’une herbe bien grasse que je peux enfin offrir à Honoré. Mais la surprise est de courte durée, puisque les averses annoncés arrivent pile au moment où nous nous installons pour pique-niquer. Pas grave, je mange sur le pouce, Honoré lui mange peu car il est intrigué par des copains chevreuils qui nous tournent autour. Pas farouches, les chevreuils ne partiront qu’au moment où je vais rebatter Honoré. Je recalcule le trajet pour arriver à Meymac au plus vite afin de faire quelques courses et enfin me reposer après cette grosse étape de plus de 25 km.
Pour les deux jours à venir nous n’aurons pratiquement plus de chemin puisque le GR s’arrête ici et que nous prenons la direction du Puy-de-Dôme. Mais dans une quarantaine de kilomètres, nous pourrons probablement faire une pause dans une ferme que je dois visiter. Cette nuit honoré a bien mangé, j’espère que ça va l’encourager à passer une bonne journée être moins pénible que lors des précédentes. Mais non, il se déconcentre pour rien, il tire, il s’arrête. Je trouve un petit coin d’herbe à un carrefour où il sera possible de pique-niquer. Je mange rapidement car il fait froid et pour me réchauffer je fais les cent pas le long du chemin. Et là la magie opère quand les nuages se lèvent, j’aperçois le Puy de Sancy et je fond en larmes tellement je suis ému par cette vue. Ému parce que c’est là qu’est née l’idée de partir ramasser les déchets, ému parce qu’au delà des cartes, je retrouve un paysage familier, ému parce que ça veut dire aussi que la boucle est bientôt bouclée.
La journée se termine par la traversée d’Ussel. C’est une ville comme toutes les agglomérations c’est jamais très confortable. Je pensais m’arrêter dans une supérette mais il n’y a que de grands supermarchés, il est trop compliqué et d’y laisser Honoré seul. Et comme souvent dans les agglomérations, il est difficile de trouver un bivouac surtout les weekends alors que la mairie est fermée. C’est donc à la sortie de la ville que je commence ma recherche, mais les riverains ne sont pas très coopératifs. Je vise donc une ferme et justement il y en a une tout près mais il est tard, la nuit commence à tomber. Pourtant Sylvie et Jacques n’hésite pas une seconde à me proposer le terrain en face nous serons bien pour la nuit. Jacques est éleveur de vaches laitières, très engagé dans la production locale. Rapidement après mon installation il me propose une bonne bière que j’accepte avec grand plaisir. Puis je suis invité à dîner avec le couple et une amie qu’ils devaient retrouver à un salon du vin. La soirée était riche en échange et Jacques il connaît bien les chemins des environs me conseiller efficacement sur mon itinéraire du lendemain.
Cette nuit il a gelé, et ce matin le soleil mort un spectacle merveilleux des Monts Corréziens, et à l’horizon, le Sancy est mon phare et les Monts du Cantal brillent au soleil levant. Ce soir on arrive en pause, il est temps ! Le reportage de France 3 est en ligne, la diffusion devrait avoir lieu lundi soir au journal, sinon vous pouvez consulter l’excellent travail le Julie et Éléa sur le lien suivant : https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/correze/rencontre-le-pelerinage-ecologique-de-stephane-marechal-avec-son-ane-honore-2659448.html