La météo semble vouloir qu’on reste ici encore quelques temps. Des orages, de la grêle, des grosses averses, du vent… Mais comme ça fait du bien d’être ici, que la pause est réparatrice et que le paysage est magnifique, on prend le temps qu’il faut pour organiser la suite du voyage.
Dernièrement, j’avais été recontacté par Cécile, une enseignante d’une école de Haute-Saône chez qui j’avais bivouaqué. Nous avions évoqué la possibilité d’intervenir dans son école. Les enfants ont rédigé quelques questions que Cécile m’a envoyé et aujourd’hui j’y réponds en direct, en visio avec Honoré, curieux de voir tout ce petit monde dans le téléphone. Comme lors de mon intervention dans l’école de Manon dans la Marne, les questions des enfants sont très pertinentes et leur bienveillance, touchante. Merci aux enfants et à la maîtresse pour ce moment d’échange passionnant.
Avec la météo humide, les foins ont été interrompus le rythme de la ferme s’est ralenti. Et ça tombe bien parce que le mal au dos lui n’a pas ralenti, bien au contraire. Et pour couronner le tout, je loupe une marche, ce qui a pour effet d’amplifier la douleur dans les lombaires. Heureusement rien de grave, mais je dois reporter encore mon départ d’une bonne semaine.
Le traitement commence à faire effet et je reprends progressivement la marche. La ferme est à environ 5 km de La Roche de Solutré, site rendu célèbre par François Mitterrand qui s’y rendait chaque lundi de Pentecôte pour gravir son sommet en compagnie de son épouse, de sa famille et de ses amis depuis 1946. C’est la troisième fois depuis le départ que mon trajet me fait penser à cet ancien président de la République. La première fois c’était l’an dernier, début août, lorsque nous sommes passés à Jarnac en Charente. J’avais rempli les gourdes dans le cimetière dans lequel il repose. La seconde fois, c’était cet hiver tout près de Verdun quand nous sommes passés à l’endroit où ont été découverts les corps d’Alain Fournier et ses hommes, écrivain célèbre dont l’ancien Président était fan. C’est d’ailleurs grâce à sa passion pour l’écrivain que j’avais à l’époque rencontré le Président. J’avais alors une douzaine d’années, mon père m’avait transmis sa passion pour la philatélie et j’avais commencé une collection sur le thème des grands écrivains. Il y a eu une exposition à l’école du Grand Meaulnes à Epineuil-le-Fleuriel tout près de chez moi, à l’occasion de la sortie d’un timbre à l’effigie d’Alain Fournier je crois. Ma modeste collection, bien mise en valeur par mon père, avait toute sa place dans cette exposition. Et c’est à cette occasion que François Mitterrand avait fait le voyage, non officiel, jusqu’à l’école du Grand Meaulnes. J’avais eu la chance de le rencontrer, à 12 ans c’est impressionnant de rencontrer un Président de la République. Alors aujourd’hui c’est tout un symbole pour moi d’être là, tout près de la Roche de Solutré.