On entre dans le Puy-de-Dôme par la traversée de la Dordogne au nord du lac de Bort-les-Orgues. Les couleurs sont magnifiques, la lumière magique, comme pour nous souhaiter la bienvenue et bon retour en Auvergne. Je m’en vais visiter une ferme dont j’avais trouvé l’annonce sur un site spécialisé. La ferme est gérée par un collectif composé de Léo et Sam. C’est Sam qui m’accueille et me propose de m’installer dans la caravane où je pourrais m’asseoir, m’habiller debout… Des petits conforts auxquels je n’ai pas accès dans la tente.
L’endroit est magnifique, la végétation riche et variée, un joli coin de paradi. Le lendemain c’est repos total, j’en ai grand besoin et Honoré aussi. Ensuite c’est Léo qui me fait découvrir les parcelles et la biodiversité du site.
Je dois faire quelques courses et le premier magasin est à 12 km que je n’ai pas envie de faire à pied, il faut que je me repose. Il n’y a pas non plus de blablacar par ici… Je cherche donc à louer une voiture et quand je vois les prix, ça me dissuade mais j’ai bien peur de ne pas avoir le choix. Et, miracle du chemin, Léo me propose d’utiliser sa voiture. Je suis vraiment touché de ce geste qui me permettra de pousser jusqu’à Clermont pour faire mes derniers achats de ce Tour de France. Quelle émotion en apercevant la majestueuse cathédrale noire (en pierres volcaniques) de la capitale auvergnate. C’est comme si j’étais arrivé chez moi. Je fais mon petit tour habituel et je reçois un message d’une amie qui me propose une maison. Ça y est enfin, je sais où je termine ce tour de France ! C’est un immense soulagement qui me permet d’envisager l’avenir plus sereinement.
Je profite de la grande ville pour aller faire les derniers achats à Décathlon (l’an dernier je m’étais passé de blouson d’hiver en associant la polaire avec la veste de pluie, mais en Normandie les températures étaient plus clémentes) et les achats alimentaires nécessaires pour joindre l’arrivée.
Je ne suis pas fan des agglomérations en général, mais Clermont est une belle ville et elle est en ébullition à l’approche de Noël. Le sapin est en place mais pas encore terminé de décorer, la grande roue accueille ses visiteurs et le marché de Noël déjà ouvert au public. J’en profite pour déambuler dans les odeurs de vins chauds et les artisans locaux qui proposent des produits variés. Bon, malheureusement ce ne sont pas tous des produits 100% made in Auvergne, mais c’est l’ambiance que je suis venu chercher… et aussi une part de truffade. Lors de mes nombreuses haltes, notamment en woofing, j’ai cuisiné ce plat auvergnat chez mes hôtes. Alors j’ai décidé de m’offrir une part de truffade sur le marché de Noël.
Il est temps de rentrer à la caravane. Reste plus qu’à tracer le dernier itinéraire, ce qui ne sera pas le plus simple par ici. Jusqu’à maintenant, la contrainte était d’éviter les grandes routes et les agglomérations compliquées à traverser. Ici s’ajoute le contournement des estives dont les échelles de passage pour randonneurs ne pourront pas être franchies par Honoré. Et en plus à cette saison, je dois veiller à rester en dessous de 1100 m d’altitude, au-dessus il y a de la neige et je ne suis pas équipé. La météo des jours prochains est très instable, pluie, neige, froid… Je pourrais attendre une amélioration, mais j’ai hâte de rentrer, j’espère arriver avant Noël. Que faire ? Prendre le risque (mesuré) de prendre la pluie (ça ne sera pas la première fois) ou attendre et prendre le risque que l’amélioration se fasse attendre, longtemps. C’est décidé, je repars lundi, ça nous aura fait une semaine complète de pause, j’espère que ça suffira pour Honoré.
Ce matin pour la première fois, il m’a faussé compagnie. C’est le genre d’incident qui a hanté quelques-unes de mes nuits de bivouac, il fallait que ça arrive. Je suis soulagé que ce soit arrivé dans des conditions sécurisées, dans le sens où il y a de grandes pâtures qui, même si elles ne sont pas clôturées, sont assez grandes. Il n’est pas allé bien loin, quand je suis parti a sa recherche, à l’opposé de sa position, c’est lui qui est venu me chercher. J’espère juste qu’il n’aura pas trop mangé de glands, il y a beaucoup de chênes autour du pré.