Le dernier avant la journée de repos. La nuit a été confortable, calme, sécurisante et j’aurais même pu prendre le temps de me déguster un croissant ou un pain au chocolat, si le gérant du camping m’avait permis de payer ma nuit par carte. Du coup je n’ai plus de monnaie pour cette option. Tant pis pour lui, j’en prendrai un à Murol, il y a un distributeur.
Cette dernière étape sera la plus courte puisque j’ai fait une grosse partie du trajet hier. Je prends mon temps et quitte tranquillement le camping. Dès la sortie, ça monte, doucement, mais sûrement. Idéal pour se mettre en jambe. Comme souvent par beau temps, il y a des montgolfières qui s’élancent dans le ciel. Je traverse Saint-Nectaire puis rattrape le GR30 qui me conduira jusqu’à mon arrivée.

Rapidement je croise un randonneur équipé d’une carte et cherchant ses repères.
– « Bonjour, c’est bien par ici le GR30 ? » me demande le retraité.
– « Oui c’est bien ça, c’est là que je vais aussi » lui répondis-je en lui montrant les signes qui confirment mon affirmation.
– « Ha oui c’est bien ce que je pensais, je démarre tout juste ma journée, je m’étais éloigné du GR pour rejoindre une chambre d’hôtes où j’ai passé la nuit, du coup je n’étais plus très sûr » explique le marcheur.
Nous marchons un peu ensemble mais quand la pente se renforce, je me rends compte que l’homme assure un rythme bien supérieur au mien. Il s’arrête pour ranger son gilet, je prends de l’avance mais rapidement il me rattrape. Nous échangeons sur nos parcours, lui fait le GR30 en entier soit près de 200 km. Il est parti de La Bourboule, il n’est pas à la moitié de son parcours. Il a réservé un hébergement dans un gîte pour ce soir, il ne doit pas trainer. Il m’explique qu’il a fait le chemin de Saint Jacques de Compostelle avec un ami. Ce doit être de la rigolade pour lui ce parcours d’à peine 200 km… Je fais une pause pour boire un coup et reprendre mon souffle, je ne le reverrai pas par la suite.
Sur le trajet, j’aperçois sur les hauteurs les grottes de Châteauneuf passées hier soir. Puis au détour d’un chemin, le château de Murol. La fin du périple.

C’est jour de chasse. J’entends des chiens, je croise des guetteurs qui doivent se dire que je marche sur leur terrain de chasse et que je les gênerais pour tirer si besoin. Je poursuis la montée, traverse des fermes et passe devant une ferme qui vend du Saint Nectaire à Chautignat et qui me semble répondre à mon étique d’élevage (ils ne sont pas en bio, mais en tant qu’éleveur bio, je trouve cet élevage différent des autres). La vente n’est ouverte que les après-midis et fermé le dimanche. Je reviendrais tout à l’heure.
Et puis c’est l’arrivée au château. J’allume le téléphone pour donner des nouvelles, rassurer la famille, dire que je suis bien arrivé et que je vais bien profiter de la journée.
Je m’arrête à Murol au distributeur de la banque, vais prendre mon pain au chocolat pour mon dessert de ce midi (il est trop tard pour le petit déjeuner) mais midi approche. Je m’autorise une bière puis prends la direction du camping de Chambon-du-Lac. Non, je ne prends pas la voiture, je suis encore un marcheur, tant que la tente ne sera pas montée. Arrivée au lac Chambon, je pose les chaussures et me trempe les pieds dans l’eau fraiche du lac. J’ai l’impression d’entendre « pschhhhh » comme quand on met une poêle chaude dans l’eau froide de l’évier. Une randonneuse qui est assise sur le ponton des pédalos et qui elle aussi baigne ses pieds, m’interroge sur mon parcours ayant vu mon sac à dos que j’ai laissé sur un banc. Retraitée, elle et son mari sillonne la France en camping-car pour découvrir à pied, les beaux paysages que nous offrent l’Auvergne.
Il est trop tôt pour aller au camping, il n’est pas encore ouvert pour l’accueil des campeurs. Je vais manger sur les tables de pique-nique près de la Couze Chambon qui prolonge le lac. Le lieu est calme à cette heure, à peine dérangé par les arrivées de camping-cars qui attendent eux aussi l’ouverture du camping. J’ai donc tout mon temps pour déjeuner. Enfin l’heure de l’ouverture, je me dirige à l’accueil et choisi mon emplacement. Je paye ma nuitée, réserve deux pains au chocolat pour demain matin et vais mettre fin à mon statut de randonneur.

Une fois installé, je vais prendre une bonne douche, faire ma lessive, étendre mon linge et je reprend la route pour aller chercher la voiture. Il est temps pour moi de retourner à la civilisation, complètement. Je repars pour Murol par le GR30 et rejoins la voiture. Un peu de mécanique pour réamorcer la pompe. Je file à la ferme chercher mon fromage en évitant un contrôle routier (je viens de me rendre compte que je suis en retard pour mon contrôle technique). 1 heure d’attente pour être servi, c’est bon signe, je ne me suis pas trompé le lieu est réputé. Un retraité devant moi m’explique en avoir réservé 18 pour être sûr d’être servi. Il vient semble-t-il chaque année et est un fidèle de cette ferme. Devant lui, un car de randonneurs, retraités de l’éducation nationale. Ça fait du monde.

Je rentre au camping, mais laisse la voiture sur le parking extérieur car elle sent le gazoil et je ne veux pas devoir supporter cette odeur près de la tente.
Ce soir au camping, il y a un apéro concert. Une jeune fille à l’accordéon accompagné par un clavier, propose des chansons de la variété française. je pense à mes amis David, Christophe ou encore François. Je profite de l’instant pour déguster un whisky au soleil couchant sur le massif du Sancy.

Pour ceux qui veulent en savoir encore plus, il existe un PDF généré par le site Visorando , site avec lequel j’avais préparé mon trajet. Ce PDF est le trajet modifié, celui que j’ai réellement effectué.