On part tard de chez Florence et Hervé, Honoré se remet en mode test, juste pour la forme et garder les bonnes habitudes. Les paysages sont toujours agréables, vallonnés mais pas difficiles. Nous sommes toujours sur la voie romaine. On traverse une randonnée et un trail, nous ne sommes pas passés inaperçus quand on a franchi l’arrivée… Et avant d’arriver à Lavaux je trouve un joli bivouac chez Sylviane et Didier. Sylviane est randonneuse et a déjà parcouru les chemins de Compostelle, elle sait qu’une douche me fera plaisir. Didier me propose une bière Basque ramenée de chez sa fille. On discute moto et je suis invité à dîner. Décidément ces Tarnais sont accueillants. Encore une soirée riche d’échange et ce matin après un bon petit déjeuner, il est temps de reprendre la route en passant par le centre ville.
Didier avait pris la moto pour nous voir traverser la Grand-Rue et prendre quelques photos pour la famille. Et finalement heureusement qu’il était là pour rassurer honoré parce que je devais aller à la Poste et la machine à nettoyer le parking faisait peur à Honoré. Beaucoup de bitume aujourd’hui puisque je n’ai pas encore rattrapé le GR46. En route je suis interpellé par Marie-Thé, membre du groupe facebook des grandes oreilles qui me propose un bivouac. Mais comme elle travaille il va falloir patienter dans un pré avant de monter la tente. Comme promis à la sortie de son boulot elle passe me voir et m’attend chez elle. Son mari Christophe me conduit au pré, je vais pouvoir monter le bivouac et dormir près d’Honoré. Il y a beaucoup d’animaux chez eux, trois ânes, un lama, une petite vache Highland et de nombreuses poules. Je peux profiter de la douche et je suis invité à partager le repas de famille avec leur fils Paul. Comme d’habitude la soirée est très agréable et on parle beaucoup d’ânes et de leur comportement parfois magique.
Je vais devoir m’absenter pour raison familiale et ce matin je trouve un bivouac où je pourrais laisser Honoré en toute sécurité. Reste plus qu’à trouver un véhicule pour aller à Bordeaux et finalement les blablacar sont plus cher que le train. Est-ce dû à l’augmentation des carburants ou à la grève, quoi qu’il en soit, j’arriverai à destination plus vite que par la route.
Je ne sais pas pourquoi, mais je pense que je le comprendrais au moment voulu, le chemin m’a détourné de ma direction vers les Pyrénées et m’empêche de me diriger plus à l’ouest. Pourtant il m’impose des arrêts. Est-ce que ça veut dire que je dois arriver au bon endroit au bon moment pour trouver ma ferme ? En tout cas je l’espère vivement car c’est un point qui commence à peser moralement face à la fin de ce Tour de France. Mais bon pour l’instant je poursuis mon chemin et la journée est à nouveau très agréable bien que chaude pour la saison.
En reprenant de la hauteur, j’aperçois à nouveau les Pyrénées mais aussi le Tarn qu’on a traversé dans la matinée. Il a bien grossi depuis les Cévennes où il prend sa source, on aurait pu le traverser à gué, mais il y avait un magnifique pont romain. J’arrête la journée de marche chez un couple d’agriculteurs en retraite et qui reçoit régulièrement des marcheurs. Je peux prendre une douche et partager le repas du soir. Sylvie et Bernard on posé un robinet sur le mur extérieur pour les marcheurs qui passent devant chez eux. Je ne suis pas le premier à bivouaquer dans le jardin et Honoré n’est pas le premier âne non plus, une famille est passée par ici en allant à Lourdes pour leur fille aînée atteinte de leucémie.
Après un bon café, il est temps de repartir à travers champs et vignes. La plaine me rappelle la Normandie et la Marne, finalement ça fait du bien. Je fais un détour par Lisle-sur-Tarn prendre une bonne bouteille pour remercier les hôtes qui vont me garder Honoré quelques jours. On ne passe pas inaperçu dans cette charmante ville où les habitants nous interpellent régulièrement. La journée est longue car beaucoup de bitume à parcourir, j’ai quitté le GR46 et peu d’habitations où m’arrêter bivouaquer. Et quand il y en a, il est trop tôt, les gens sont au travail. Je continue et finalement arrive chez Jennifer et Ghislain plus tôt que prévu. Et quelle surprise en arrivant, c’est Jennifer qui m’avait vendu les enveloppes à La Poste avant hier. Impossible à ce moment là d’imaginer qu’on se reverrait dans son jardin. Fatigué par la longue journée de marche, je suis contraint de refuser l’invitation à dîner, mais j’accepte la douche volontier.
Avec l’avance gagnée sur les trajets, je peux bénéficier d’une journée de repos total. Même Honoré ne comprends pas ce qui lui arrive. Je vais faire un tour au village prendre du pain, dès qu’il s’est aperçu de mon absence, il a brai. Ça me fend le cœur de le laisser trois jours, mais il est dans une bonne famille et les enfants seront sans doute tout près de lui autant que possible. Je n’imaginais pas à quel point je serai triste de laisser mon loulou tout seul quelques jours. Même si je sais qu’il est en sécurité avec des gens adorables, je sais aussi qu’il va stresser de ne pas me voir.
Jennifer me conduit à Gaillac, c’est jour de marché et celui-ci est plutôt bien achalandé avec de nombreux exposants. Ça me permet d’attendre l’heure du départ du train et de trouver de quoi déjeuner sur le pouce. Je rencontre également une savonnière qui travaille comme Anne-Laure de Belisama (https://www.savonbelisama.fr) et Clotilde de La Terre Bleue (https://laterrebleue.fr). Et comme les Cévennes sont déjà loin, le savon de Clotilde est déjà presque terminé. C’est un TER qui me conduit à Toulouse. Jusque là, tout va bien. En sortant du TER, je me suis senti comme un indien dans la ville, perdu, désorienté et il y a 1 heure d’attente avant le train pour Bordeaux. Là c’est un TGV OUIGO, finalement pas plus confortable que le TER.
Le retour est identique mais avec plus de monde. Bref, je suis bien content de retourner à la campagne, d’autant que Jennifer vient me chercher à la gare. Ça me fait du bien de revoir mon compagnon aux grandes oreilles même s’il semble que je ne lui ai pas beaucoup manqué. La fille aînée de Jennifer et Ghislain l’a couvert de papouilles et n’a pas manqué de demander à maman d’acheter des carottes pour lui faire plaisir. Honoré a été chouchouté, il a bien mangé, prêt pour le prochain rendez-vous avec l’ostéopathe. On va faire une pause chez une asnières bien connue par de nombreux compagnons d’ânes.