La journée de pause aux asneries d’Uffholtz a fait du bien, la reprise est progressive et le paysage toujours aussi agréable. Les vallons ne sont pas très forts et se passent facilement. Honoré s’est griffé le dos probablement en se roulant au sol comme il aime tant le faire et tire un peu au flanc. Ça devrait aller on ne va pas loin, la prochaine pause est proche et on aura tout le temps pour se reposer et soigner si besoin.
Il n’y a presque plus de vignes, on retrouve du bocage et des vaches qui pâturent. Je dois modifier le tracé en cours de route car en ce premier mai, il y a une course cycliste pile sur la route que je dois emprunter. Honoré est maintenant bien habitué aux vélos, mais là ça roule vite et j’ai peur qu’il panique quand le peloton va passer. Surtout que sur cette portion de route, ça descend, ça va donc rouler très vite et s’il y a un accident, les conséquences peuvent être dramatiques. On fait donc un détour qui m’oblige à prendre une route appréciée des motards et des passionnés de Porsche. Sauf que malgré mes signes pour les faire ralentir, ils font vrombir leurs moteurs préparés, ce qui est très bruyant. Les vieux riches sont plus cons que les jeunes avec leurs mobylettes, eux au moins ils ralentissent.
Le détour retarde pas mal la recherche d’un bivouac. Je fini par me poser près d’une chapelle sur le chemin de Compostelle. Plusieurs personnes viennent bavarder, c’est agréable. Mais ma pause de quelques jours qui était prévue, vient de tomber à l’eau. Je devais arriver demain et ne peux pas être reçu avant jeudi. Impossible de prendre le risque d’aller la haut pour attendre, la mairie n’ouvre qu’à 17 heures. S’il n’y a pas de solution il sera trop tard pour changer de direction et il est hors de question de prendre le risque d’improviser au dernier moment et de tomber sur un coin avec des plantes toxiques. Je dois donc trouver une autre solution et justement, Claire et Julien m’avaient proposé de faire une halte chez eux. J’arrive demain mais pas de problème, on improvise. Grand merci à eux. Ils viennent d’acheter une maison dans la montagne, juste en dessous de la Planche des Belles Filles, arrivée désormais mythique du Tour de France cycliste.
Mais avant je dois trouver un bivouac et la mairie de Grosmagny me propose un terrain communal. Le personnel communal vient même m’ouvrir la salle des fêtes le temps que je fasse le plein d’eau. Il fait beau, la nuit confortable, la voisine m’offre le café et des fruits. Merci !
Et puis, c’est parti direction Auxelles-haut, mais le chemin pour s’y rendre de là où nous sommes est semé d’embûches. Passerelles, gués, ponts en bois, barrières… Honoré semble avoir compris que je ne ferais aucune concession et que je suis armé de carottes. En chemin je m’étais arrêté « au Petit Marché » à Etueffont, le gérant nous a offert des carottes et une bouteille de vin blanc à partager avec Claire et Julien. Bref aujourd’hui mon compagnon aux grandes oreilles a décidé de me montrer qu’il est à la hauteur, il passe presque sans marchander la grande passerelle en bois. Pour les petites métalliques en grillage, c’est non mais moi non plus je ne peux pas passer, trop étroites avec le sac à dos. Mais a côté de chacune, il y a moyen de passer à gué. À chaque fois il fait semblant de ne pas vouloir mais je pense que ça l’amuse. L’orage monte, il faut écourter la pause déjeuner.
Rapidement on arrive au gîte guidé par Julien au téléphone. Je suis au gîte « les Montagnôts » (Chez Claire et Julien) qui vont proposer plusieurs sevices prochainement :

  • ouverture de 2 gites (celui que j’inaugure ouvrira officiellement dans le mois de juin)
  • éco-pâturage avec leurs deux vaches highland (entretien des espaces verts de la commune de manière écologique par le pâturage)
  • ferme de bio-diversité (animaux de la ferme + favorisation de la biodiversité : arbres, plantes, fleurs variés, mare, installation de ruches de biodiversité où le miel ne sera pas prélevé, etc…) qui sera dans le futur ouverte au public avec des animations : découverte, activités avec les animaux de la ferme… En plus, la vue est magnifique sur les Alpes Suisses et le territoire de Belfort (oui nous avons quitté l’Alsace, nous sommes en Franche Comté). L’orage laisse place à de majestueux arcs-en-ciel. Là-haut c’est repos total, juste le chant des oiseaux, le craquement des branches au passage d’un chevreuil qui aboie parfois et le clapotis de la petite cascade à côté de la maison.

Un journaliste de France Bleue Belfort vient nous interviewer (même Honoré a dit son petit mot), l’Est Républicain aussi vient faire un bel article (https://www.estrepublicain.fr/environnement/2022/05/07/). Encore un reportage qui génère des dons sur la cagnotte Leetchi.com/c/tdfane
Merci à tous pour vos participations et le partage de la page Facebook. En attendant j’ai pu me reposer, Honoré a eu la compagnie de Tagada, un poney super gentil. Et moi j’ai été aux petits soins de la famille. J’ai même eu une part de gâteau d’anniversaire de Louise qui fêtait ses deux ans. Et la grande sœur Anne, n’était pas la dernière pour caresser Honoré qui n’attendait que ça. Après quatre jours de repos, il est temps de repartir. Le bobo d’Honoré a cicatrisé et nous n’avons qu’une petite cinquantaine de kilomètres à faire avant une nouvelle pause technique, pour changer la laine de la bricole, de l’avaloir et du licol. Les départs sont toujours particuliers. Je devrais pourtant y être habitué… Pourtant cette fois c’est différent, Claire est passée ce matin chercher Tagada et dire au revoir. Nous partons seuls, mais c’est toujours la même émotion. Le même rituel à vérifier mille fois si je n’ai rien oublié, profiter un dernier instant du canapé, du lavabo, de la vue magnifique. Rituel sans cesse répété comme pour repousser au maximum le départ. Ce n’est jamais agréable de dire au revoir à quelqu’un, ou même à un lieu où l’on se sent bien. Dans ces moments-là, je me demande si ma démarche à toujours un sens. Alors je relis vos commentaires et je sais que je dois continuer. Il reste tant de belles rencontres à faire et de beaux paysages à découvrir. Et puis je ne peux plus abandonner la « loi Honoré ». Alors en route ! Et bonne chance à Claire et Julien pour leur projet de vie et leurs gîtes.