La route est ensoleillée mais toujours fraîche. Pas beaucoup de chemin aujourd’hui mais de la petite route sans trop de circulation. On longe le golf de Saint Malo – Le Tronchet et apercevons quelques golfeurs. Honoré est intrigué par ce petit chariot qui les suit partout. Une pause déjeuner au bord du Lac de Mireloup, mais le temps est frais. J’espère trouver un bivouac pas trop tard, j’ai des engelures aux pieds qui me font souffrir quand je marche. Le soleil commence à décliner quand j’arrive chez Christophe qui restaure une vieille grange avec son père. Je peux m’installer près du verger, ce sera parfait. Je vais chercher de l’eau, Christophe me propose même de l’eau chaude. Un brin de toilette et ça ira pour aujourd’hui. Mon hôte n’est pas très loquace, peut-être est-il timide. Je lui explique quand même ce qu’on fait là. Il s’en va et je ne le reverrai pas.
Le lendemain matin, le soleil promet une belle journée, la tente est à peine humide par rapport à d’habitude. Pas beaucoup de chemin encore aujourd’hui, mais la route n’est pas désagréable. C’est jour de ramassage des ordures ménagères et pour la première fois depuis le départ, les ripeurs m’interpellent. On discute un moment sur le ramassage des déchets, forcément, et aussi à propos d’Honoré. Plus loin je les recroise près de la boulangerie, l’un d’entre eux est allé me chercher un sac de pain sec. C’est une gentille attention, mais je dois lui expliquer que ce n’est pas une bonne idée, que le pain est dangereux pour mon compagnon aux grandes oreilles. Je le sent déçu, mais je ne peux pas accepter. Pique-nique près du stade de foot et de la seule benne de collecte de verres. Ici les emballages et papiers sont recyclés dans des sacs jaunes, que je n’ai pas. Les bennes collectives sont rares également.
Rébecca m’a appelé pour me confirmer qu’il y a bien possibilité d’accueillir Honoré dans sa ferme et donc que je vienne faire du woofing chez elle. Chouette, j’ajuste mon itinéraire afin d’arriver avant la pluie annoncée, enfin pour en prendre le moins possible. Je vais donc profiter au maximum du beau temps pour avancer. Honoré a du sentir que j’ai accéléré la cadence, il est chiant. Je le vois faire avec l’ombre au sol, il tire doucement la longe, puis un coup sec, comme le pêcheur qui ferre son poisson, il tire au renard. Sauf que ça ne m’amuse pas du tout d’être un poisson et surtout, même si je m’y attend, ça fait mal au dos. Je ralentis, il trouve un autre jeu, celui de me doubler par la gauche. Comme je lui demande toujours de marcher à droite, je tiens la longe avec la main gauche le pouce accroché à la sangle ventrale du sac à dos pour relâcher les épaules et éviter les contractures. Aussi, ça évite que je lui fasse mal avec mon mouvement de bras droit qui tient le bâton de marche. Du coup je me retrouve saucisonné par la longe qui se coince sous le sac à dos. Bref, il est chiant. La fatigue se faisant sentir, je commence à chercher un bivouac. Pas simple dans la campagne où il y a peu de monde, les habitants sont encore au travail. Finalement une dame me propose d’aller chez un éleveur bio à 500 mètres d’ici. C’est un élevage de brebis laitières et juste en face, il y a un pré parfait pour nous, abrité par haies et arbres. Ça tombe bien, la météo annonce du vent et de la pluie dès cette nuit. Je n’ai même pas pensé à demander à l’agriculteur comment il s’appelle. Je sais juste qu’il tient une ferme familiale avec sa femme et ses fils dont l’ainé va prendre la suite. Un bâtiment est en construction pour faire une pépinière d’après ce que j’ai compris. Dommage qu’il n’avait pas de temps, il voulait finir ses tranchées avant la nuit et la pluie, je pense qu’il avait de belles choses à m’apprendre. J’ai remarqué les toitures végétalisées, ça m’intéresse.
Il a beaucoup plu cette nuit, j’ai bien entendu le vent mais j’étais bien à l’abri. Je profite d’une accalmie pour plier et prendre le départ. Je n’ai que 8 km a faire avant d’arriver à la ferme de Rébecca. Le trajet se déroule bien, sauf qu’il y a beaucoup de prairies avec des chevaux. Honoré fait le con, s’arrête, repart… Pas sympa. Mais je comprends bien qu’il n’est pas à l’aise avec les chevaux. Pourtant on avance bien et nous arrivons avant midi. J’essaierai de donner ses nouvelles dans la semaine. Honoré est à l’abri avec les brebis, le Mont Saint Michel est tout proche, il est comme un phare qui attire le regard en permanence. Même quand il pleut, c’est beau.