Voilà, ce matin il a fallu partir de mon lieu de woofing. La gorge serrée, je dis au revoir du bout des dents. Heureusement les brebis doivent passer les échographies ce matin, tout le monde est prêt, ça abrège le départ. C’est toujours difficile de partir, d’autant plus que ça faisait deux semaines que j’étais là et que je me sentais comme dans la famille. Mais ce matin je quitte la Bretagne en regardant le Mont-Saint-Michel et j’entre en Normandie avec le même phare qui oriente ma journée. Le Mont-Saint-Michel est partout, tu tournes la tête, tu le vois, quelques instants plus tard il est encore là mais sous un autre angle, une autre lumière, il est toujours aussi majestueux et il va lui aussi être difficile à quitter. J’avance au plus près ce midi pour pique-niquer. Puis je reprends le même chemin pour aller chercher un bivouac. Si la matinée a été parcourue sur les chemins comme la voie verte, cet après-midi il y a plus le route mais le décor est toujours agréable. J’avais prévu de ne pas dépasser une quinzaine de kilomètres pour cette journée de reprise, finalement j’en ai fait 25. J’avais trouvé un bivouac sur une aire de pique-nique avec toilettes publiques et donc eau potable, quand un automobiliste m’accoste pour me proposer un terrain en face chez lui. Ça fait 2 km de plus mais je me dis que si au bout de ce détour j’ai une douche, de l’herbe pour Honoré et pourquoi pas un repas chaud, ça vaut le coup. Il y a bien de l’herbe pour Honoré, il y a bien de l’eau mais pour me laver, il faudra que je me fasse chauffer l’eau avec ma popote (oui l’été ça allait mais l’eau froide en hiver, ça ne le fait pas). Bon, tant pis pour le détour, on ne gagne pas à chaque fois.
Ce matin il a gelé un petit peu, la surface de l’eau d’Honoré est gelée, comme l’herbe. Le vent n’est pas très fort mais constant et frais. Je ne quitterais pas les gants de la journée. Le Mont-Saint-Michel est toujours omniprésent, la mer et les herbus aussi. Beaucoup de moutons pâturent et illustrent un paysage de carte postale avec le Mont en arrière plan. Puis on passe devant un ossuaire Allemand. On traverse Pontaubault et un pont du XVème siècle, emprunté par le Général Patton pour libérer la Bretagne des Allemands. Ça y est, on est en Normandie, l’histoire de la seconde guerre est bien présente dans cette région. Je n’ose pas dire que je viens de Saint-Pourçain, tout près de Vichy… L’après-midi est bien engagée et mes pieds me rappellent qu’il serait bien de s’arrêter. Je sonne à une maison, la dame sort et allait presque me proposer un bout de pelouse, mais le mari sort en m’envoyant au camping. Ben non monsieur, les campings sont fermés en décembre et puis l’idée c’est aussi de rencontrer des gens sympas, bon ce n’est pas toujours le cas semble-t-il. Enfin, il a quand-même appelé le camping pour vérifier, mais c’est le  répondeur. Tu m’étonnes ! Passez de bonnes fêtes. Je continue, les portes sont closes, les gens travaillent et les vieux méfiants. Finalement un riverain m’envoi chez le paysan du coin, sa femme me donne de l’eau et me propose un pré où il y avait des moutons. Ça ira bien pour aujourd’hui. Le vent se lève, quelques rafales à 60 km/h, on a vu pire.